Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/551

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
547
Dr SIKORSKI . — l’évolution psychique de l’enfant

fant doit agir dans les conditions les plus simples, sans aucun excitant, sauf celui qui produit l’intérêt.

2o Il faut absolument éviter tout ce qui contribue au changement fréquent des impressions et tout ce qui distrait l’attention. L’habitude que l’on a quelquefois de donner aux enfants une grande quantité de jouets et d’encombrer ainsi leurs chambres est extrêmement nuisible. Une richesse démesurée d’impressions diverses crée des conditions de distraction. Parfois la nocivité est augmentée par le fait que les jouets sont trop compliqués, au point de vue des impressions qu’ils procurent (trop minutieusement travaillés, par exemple, ou reproduisant trop exactement des objets réels). Tout cela est en contradiction avec les exigences réelles du développement intellectuel de l’enfant.

IV. — marche du développement névro-psychique.

La marche du développement névro-psychique de l’enfant dépend essentiellement de celui des différents côtés de la vie psychique, c’est à-dire de celui du sentiment, de la raison et de la volonté. Le développement harmonique de ces divers côtés assure pour l’avenir un légal et heureux caractère. En réalité, il arrive parfois qu’un ou deux côtés de la vie psychique prennent de l’avance sur les autres. L’éducation doit régler le développement par un choix raisonné des jeux et des exercices et par certaines directions, imprimées à l’attention de l’enfant. Plus on s’est aperçu de bonne heure de ce défaut, plus il est facile de le corriger. Si le développement prend une marche irrégulière, il faut avant tout s’assurer, si tous les côtés se développent parallèlement et s’il n’existe point quelques déviations, quelque développement exclusif.

Il existe encore une série de déviations dans l’évolution névropsychique ; ces déviations sont produites par le manque d’équilibre dans le développement physique et intellectuel. L’expérience de tous les jours montre que la croissance du corps et le développement intellectuel ne marchent pas toujours parallèlement. On ne sait pas encore, si le fait est dû à des causes fonctionnelles ou s’il doit son origine à quelque cause anatomique. Arndt[1] attire l’attention sur le fait que le diamètre des fibres nerveuses (épaisseur de la gaîne médullaire) n’est pas le même chez les différents individus, et que, selon lui, l’état de faiblesse générale se trouve probablement en liaison avec ce fait. Partant de cette observation, Benecke[2] émet l’hypo-

  1. Arndt (Archiv. de Virchow), t.  LXVII, p. 27-42.
  2. Benecke, Constitution und constitutionnelle des Menschen, Marburg. 1881, p. 75 (Constitution et maladies constitutionnelles chez l’homme).