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Les actes réflexes de nouveau-né sont relativement faibles, comme le fait voir M. Soltmann, par le fait que l’excitabilité des nerfs moteurs reste, dans les premiers temps de la vie, à un degré inférieur et ne se développe que peu à peu et dans l’espace de plusieurs semaines. L’absence complète de la suppression des réflexes constitue une seconde particularité caractéristique de la sphère motrice du nouveau-né. Celui-ci ressemble sous ce rapport à un animal décapité, comparaison qui a été faite par plusieurs auteurs. Parallèlement au développement de l’enfant, il se produit dans sa sphère motrice des transformations successives. Il se développe avant tout l’excitabilité réflexe, en même temps que les premières traces de suppression des réflexes émanant du cerveau. La structure de ce mécanisme inhibitoire est totalement inconnue, mais son action visible, facilement démontrée, consiste dans la suppression, ou dans la réduction du mouvement réflexe par quelque excitation périphérique, se portant sur un des organes des sens : c’est ainsi, par exemple, que le cri de l’enfant — ce réflexe résultant de la douleur, peut être supprimé jusqu’à un certain point par des sons, des sifflements, des petites tapes, etc. Ainsi les sensations, ou ce qui revient au même, les processus de l’excitation, ayant lieu dans l’écorce cérébrale, sont les premières sources de la suppressions des mouvements réflexes. En se développant, le sentir se réfléchit inhibitoirement de plus en plus dans certains actes moteurs de l’enfant non-seulement réflexes, mais aussi impulsifs et instinctifs. C’est ainsi que se développe l’action du principe conscient et volitionnel, comme principal moteur de l’organisme. Avec le développement des conceptions, la volonté apparaît aussi en qualité d’acte de plus en plus développé. Dans l’histoire du développement de la volonté et des mouvements, produits par celle-ci, il est utile de discerner certains points et périodes extérieurs. M. Preyer en a montré les plus importants, en se fondant sur des observations faites sur ses propres enfants[1].

La tenue de la tête commence à la 16e semaine de la vie.

Les mouvements de préhension, à la 17e semaine.

L’acte indicateur de la main, au 9e mois. L’attitude assise, à la 48e semaine.

La station verticale à la 48e semaine.

Au point de vue pratique, le développement de la volonté, soit comme principe moteur, soit comme principe répressif des mouvements, est également important dans l’éducation élémentaire. Le développement de la volonté comme principe moteur est indispensable pour

  1. Preyer, loc. cit., p. 206.