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velles recherches sur ce sujet, mais il a fait déjà des comparaisons très intéressantes.

Dr H. von Ihering. — Chevaux à plusieurs doigts. — L’auteur cite un exemple curieux observé par lui au Brésil : il s’agit d’un cheval qui avait, aux pieds de devant, deux doigts intérieurs très développés et très forts (87 m. m. de long sur 35 de large). C’est là, selon l’auteur, un cas de restitution par atavisme.

Dr Conrad Keller résume historiquement les rapports d’origine des animaux-plantes d’après Trembley, Marsigli, Peyssonel, Réaumur, Pallas, Cuvier, Leuchart, Huxley, Gegenbaur, Hæckel, Carl Vogt, etc.

Dr K. Brandt montre, dans son article La chlorophylle dans le règne animal, l’existence chez certains animaux d’un corps considéré pendant longtemps comme la propriété exclusive des végétaux.

Dr W. Breitenbach rapporte des exemples curieux de « ressemblance protectrice » observés par lui au Brésil : une sauterelle du genre Pterochroza, dont les ailes, par leur grandeur, leur forme et leur couleur ressemblent exactement à la feuille du Figueira, sur lequel elles ont été trouvées ; une autre sauterelle (Phylloperta lanceolata) dont les ailes répondent par leur forme aux feuilles du saule, etc.

B. Carneri. — De la puissance de l’esprit. — L’auteur qui accorde aussi peu de réalité à l’esprit qu’à la vie et à l’âme considérées en soi, veut faire connaître ce qu’il entend par ces mots sous lesquels se trouvent des choses qui sont pour l’homme de la plus haute importance. La grenouille décapitée a encore la simple sensation, la réaction organique ; mais elle n’a plus conscience de sa sensation et nous offre un être vivant qui ne diffère guère d’un automate. Intacte, elle accomplit ses mouvements avec conscience, elle les adapte aux circonstances ; elle surmonte des obstacles, mais au moyen des mouvements qu’elle accomplit alors même qu’il n’y a pas d’obstacle à surmonter. Avec le cerveau accompagné de l’activité sensible et musculaire, la sensation est représentée dans le tout qui s’y concentre, la sensation de la partie devient la sensation du tout, la conscience apparaît comme un phénomène qui accompagne la vie de l’animal chez lequel existe l’organisation la plus élevée. Dans ce miroir, l’individu s’aperçoit et se reconnaît, il oppose à son moi le monde extérieur, et avec ce dernier, crée l’expérience. Le chien vit, il a une âme, il nous offre une personnalité. L’homme développe en lui la conscience : grâce à son organisme plus élevé et à la langue qu’il se crée, il arrive à la conscience de lui-même qui fait de lui un esprit. Si on part du psychique pour expliquer l’homme, on se trouve en présence d’une énigme insoluble ; si on débute par les degrés inférieurs de la vie, en passant par les formes successives de l’évolution, on se trouve en présence d’un problème qu’il est possible de résoudre.

L’homme, comme l’a montré Hæckel, se distingue des animaux par quatre propriétés qui peuvent se trouver séparément chez tel ou tel animal, mais qu’on ne rencontre réunies chez aucun d’eux : il a un