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physiologique. Toute cette genèse accompagnée d’exemples et d’observations descriptives très fines et très délicates fait de cette monographie une lecture des plus intéressantes. Nous ne dirons pas que pas que la théorie elle-même du comique ait fait un grand progrès. Il est évident que le principe dont se sert partout l’auteur, qui est celui du contraste, est emprunté aux théories antérieures. Lui-même a le bon goût de citer souvent ses prédécesseurs (Jean-Paul, Kant, Vischer, etc.). Il leur doit en effet beaucoup ; mais ce qui lui appartient en propre ce qui est le fruit de son travail, c’est d’avoir montré et mis en lumière, la concordance et la dépendance réciproque des faits de la vie intérieure « Ce d’où on peut essayer de tirer une nouvelle définition du comique n’est, dit-il, ni le contraste intellectuel seul, ni le sentiment seul, ni l’attente trompée qui produit le comique. Mais seulement le contraste intellectuel inattendu qui en nous excite un antagonisme (Widerstreit) de sentiments à la fois esthétiques, éthiques ou logiques avec la prédominance du plaisir. » L’auteur a-t-il réussi à nous expliquer ainsi ce qu’est en réalité le comique. Lui-même ne se fait pas illusion ; mais son travail psychologique n’en a pas moins une grande valeur et peut frayer la voie à une théorie nouvelle.


Kosmos)

(Zeitschrift für die gesamte Entwickelungslehre.) Revue générale de la théorie de l’Évolution, publiée par le Dr B. Vetter, Stuttgart 1884. 1er volume[1], I. II. III. IV.

B. Carneri. Songes et veille. — Carl du Prel a, dans le Kosmos, publié trois articles intéressants : sur l’importance scientifique des songes, les songes ne sont-ils que mensonges, la division dramatique du moi dans le rêve. Pour lui, les phénomènes physiologiques accompagnent, mais ne produisent pas les phénomènes psychologiques ; il admet un organe du rêve opposé à un organe de la veille ; il espère, après avoir recherché s’il y a des songes pendant le milieu du sommeil, que la psychologie expérimentale pourra un jour rendre de tels songes accessibles au souvenir.

Carneri ne fait aucune différence essentielle entre un homme éveillé et un homme endormi. La nature de nos représentations est la même dans le sommeil et dans la veille. L’hypothèse d’un organe du rêve n’est pas scientifique, elle est inutile et dangereuse puisqu’elle peut faire considérer comme une explication ce qui n’en est pas une. Quant au dédoublement (Spaltung) du moi, on peut facilement se rendre compte de ce qui paraît le produire. Il y a en nous, lorsque nous sommes éveillés, un certain nombre de représentations actuelles dont la réunion forme pour nous le monde réel, et auxquelles s’opposent les représentations

  1. Nous n’indiquerons ici que les articles d’intérêt philosophique.