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ANALYSES.hazard. Man a creative first cause.

l’imagination c’est, en somme, se tenir beaucoup plus près du réel qu’on n’a coutume de le penser.

La formation de l’idéal moral s’expliquerait comme celle d’un idéal esthétique, elle serait, selon M. Hazard, l’œuvre d’une imagination absolument créatrice. Le propre de la spéculation métaphysique c’est de favoriser la culture de cette imagination : la métaphysique a donc une efficacité pratique indéniable. M. Hazard ne se dissimule pas sans doute les graves objections auxquelles sa théorie peut donner prise et que nous ne songeons point à lui adresser. J’imagine d’ailleurs que son but était moins de donner une suite de preuves que d’indiquer une série d’aperçus. La plupart de ces aperçus nous ont semblé suggestifs.

L. D.

G. Carlo Mor. Relazione scolastica delle scuole com. di busto arsizio, 16 p. in-4, 1883-1884.

Ce simple rapport scolaire, qui a été l’objet d’une notice flatteuse dans la Rivista di filosofia scientifica, nous montre dans M. Mor un applicateur des principes rationnels de la pédagogie. Pour lui et pour ses subordonnés, véritable conseil de famille éducatrice, les théories psycho-physiologiques sont, à ce qu’il paraît, passées dans les faits. L’éducation et l’instruction s’effectuent par le développement synchronique et harmonique des facultés de l’enfant. Les perceptions sont graduées dans la mesure du possible, en tenant compte du temps physiologique, et du développement corrélatif de l’intelligence et des circonvolutions cérébrales. L’enseignement est tout à la fois didactique et auto-didactique, l’éducation est aussi autoéducation. L’éducation morale est surtout occasionnelle ; elle naît des circonstances ordinaires de la vie, transformant l’impression en action, et l’action en habitude par l’exercice. Elle a pour principe des représentations vives et claires, et pour fin, la formation du caractère : dans les écoles dirigées par M. Mor, la conduite a, pour la classification des élèves, une importance plus grande que toutes les matières réunies de l’enseignement. Les fables et les contes, l’irrationnel et le surnaturel sont scrupuleusement bannis de ces écoles. L’enseignement féminin y comprend, outre la préparation aux affaires domestiques, des notions élémentaires d’anatomie, de physiologie et de psychologie. Cette rapide énumération des points de première importance indiqués dans ce modeste rapport scolaire, suffit pour recommander aux philosophes et aux éducateurs, M. Mor et ses pratiques.

Bernard Perez.