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borné au présent, et expression pure de l’instinct ; la langue s’étend, aussitôt que l’homme prévoit, elle se fait alors démonstrative, impérative, et d’ailleurs le geste lui est encore un accompagnement indispensable ;

3o la langue des sons et le mythe : le développement interne de la langue est un phénomène qui doit être considéré concurremment avec le progrès intellectuel qui fait que l’homme s’intéresse aux forces cosmiques (animisme, mythologie) ;

4o le développement de l’esprit mythique ; un important moment est la séparation de nos intuitions de la nature d’avec le monde mythique, désormais projeté dans le ciel ; — le développement syntaxique de la langue est étroitement uni à celui du mythe ; — la fantaisie (Fantasie) répond à un état moyen entre la vie pratique et la vie théorique, où le cours des pensées de l’homme reste fortement influencé par les sens ;

5o le développement de l’esprit historique et conscient : Glogau accepte la vue platonicienne d’un ordre intelligent qui préside au monde des phénomènes ;

6o la tendance et le caractère de l’esprit scientifique ou conscient : l’homme, avec la conscience, se propose un idéal, un but à venir et dirige ses actions sur des principes ; il faut : au point de vue pratique, que notre sentiment s’imprègne de cet idéal, s’intéresse à ce but, et ainsi la moralité est « affective », elle n’est pas seulement affaire de justice, mais d’inclination ; d’ailleurs cet idéal est quelque chose qui n’est pas visible, mais qui doit être, et la morale a pour fondement dernier la religion ; Glogau ne croit pas qu’il soit possible de la dégager de toute vue transcendante ; — notre liberté est l’expression du pouvoir de réaliser l’idéal en dépit des impulsions de l’instinct, etc.

Après avoir fait connaître les éléments de la vie psychique et montré les directions selon lesquelles elle se développe dans l’histoire de l’humanité, l’honorable professeur aborde, en sa troisième partie, la propre question de la vie psychique, c’est-à-dire la critique, pour lui, de nos « représentations », dé ce qui est créé par nous sur le thème de la perception. Nous percevons ce qui est présent, nous nous représentons ce qui a été perçu et est maintenant absent, et dans nos représentations, dans notre souvenir, nous saisissons donc nos propres’créations psychiques. De là, l’auteur examine :

1o les principes psychologiques : il en reconnaît quatre, celui de la persistance, celui de la singularité ou de l’isolement (la nature est concrète et nous donne A + A + A… + A = nA, l’esprit est abstrait et donne A + A + A…+ A = A), celui de la connexion, et enfin celui de la continuité des représentations dans leur suite au jour de la conscience ;

2o les rapports généraux dans la formation et le développement des représentations : ces rapports sont, — de complication, de mélange, de disjonction, d’arrêt, de série (l’intuition générale, le concept empirique sort, par condensation, d’une série d’objets pareils. ) ; —