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ANALYSES.setchénoff. Études psychologiques.

Ivan Setchénoff. Études psychologiques, traduites du russe par Victor Derély, avec une introduction de M. G. Wyrouboff ; in-8o, XV-274 pages. Paris. Reinwald 1884.

Le livre de M. Setchénoff a paru en 1863, il a déjà par conséquent vingt et un ans, âge respectable pour un livre de science, et cependant bien que nous ayons vu souvent exposer par les auteurs contemporains des idées analogues à celles qu’il renferme, bien que son originalité, par suite, puisse moins nous frapper, nous le lisons encore avec profit et plaisir, ce qui est un indice certain de la valeur de l’ouvrage.

Les Études psychologiques se divisent en deux parties. La première traite des actions réflexes du cerveau et comprend deux chapitres : l’un sur les mouvements involontaires, l’autre sur les mouvements volontaires ; la seconde partie : Notions générales sur l’étude de la psychologie, se compose de trois chapitres intitulés : À qui appartient le rôle de psychologue. — De la méthode psychologique. — Histoire de l’évolution psychique. Les théories générales soutenues par l’auteur sont : l’application à la psychologie des méthodes des sciences naturelles, l’absorption de la psychologie par la physiologie, et le déterminisme des phénomènes de l’activité motrice. À mon avis, la meilleure partie de l’ouvrage, la plus considérable d’ailleurs, est celle où l’auteur traite de l’organisation de la volonté et de la genèse du pouvoir d’arrêt et d’adaptation. Elle comprend l’étude consacrée aux actions réflexes du cerveau et le troisième chapitre des notions générales sur l’étude de la psychologie. L’action d’arrêt dans le domaine psychologique est étudiée d’une manière fort intéressante dans sa genèse et dans son développement, ainsi que le rôle de la pensée considérée dans ses rapports avec l’action réflexe. Signalons aussi le soin avec lequel M. Setchénoff s’efforce de rattacher toutes les actions de l’homme aux excitations venues du dehors.

Je veux citer ici quelques passages du livre que j’examine pour bien montrer les procédés et la nature d’esprit de l’auteur, je choisis parmi ceux qui m’ont paru offrir le plus d’intérêt quelques lignes sur le rôle de l’action réflexe dans la genèse de nos connaissances.

« Quand l’animal ou l’enfant entend un son, le nerf acoustique excité, détermine en eux diverses actions réflexes : on remarque notamment qu’ils tiennent la tête du côté d’où vient le bruit et qu’ils font mouvoir les muscles qui gouvernent le globe de l’œil. Le premier mouvement est l’acte de l’attention auriculaire, car c’est lorsque le visage est tourné vers la source du son, que ce dernier agit le mieux sur les deux oreilles à la fois ; le second mouvement mène à une sensation optique. Ce sont deux actions réflexes successives apprises, et l’association optico-acoustique s’y manifeste sous la forme élémentaire. Ainsi l’opération est la même que dans les combinaisons des sensations de la vue avec celles du toucher. Un exemple le prouvera mieux encore. Dans ce but, je reviens au cas déjà cité de l’association optico-tactile et j’y joins la sensation acoustique (voyez pages 74-75). Supposons que l’objet saisi