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point de vue métaphysique et moral. » Voici maintenant la division du livre De la philosophie d’Origène : I, Introduction ; II, Méthode d’Origène ; III, Théologie ; IV, Cosmologie ; V, Anthropologie ou Science de l’homme ; VI, Téléologie, résurrection ; VII, Téléologie, épreuves successives, salut universel ; VIII, Origène au III et au ive siècle ; IX, Origène au ive et au ve siècle ; X, Origène au vie siècle et jusque dans les temps modernes ; XI, Conclusion ; XII, Appendice : les Philosophumena[1].

Dans l’Introduction, M. Denis expose que l’intime fréquentation des œuvres du célèbre docteur l’a conduit à la conclusion qu’Origène est beaucoup moins philosophe qu’on l’a souvent prétendu, qu’il l’est à un bien moindre degré, en particulier, que son prédécesseur et maître, Clément. « Clément était né, avait été nourri dans l’hellénisme, et son esprit resta tout imbu des doctrines philosophiques lorsqu’il passa au christianisme. Né chrétien, Origène lisait dès son enfance et relisait avec passion la Bible, et quoiqu’il ait dû suivre le cours d’études habituel parmi les Grecs, ces études ne furent jamais qu’un accessoire pour lui… ; elles firent plutôt l’ornement que le fond de son esprit. » Et M. Denis montre que le jugement porté par Origène sur la philosophie grecque est des plus dédaigneux. Il la prise peu, comme il la connaît mal. Quand il lui emprunte, ce sont des détails, des traits secondaires, pris un peu au hasard. Les déclarations suivantes sont trop importantes à cet égard pour qu’on hésite à les reproduire : « Nous aurons plus d’une fois l’occasion de signaler les emprunts qu’Origène fait aux stoïciens et à Platon plus ou moins philonisé ; mais nous constaterons en même temps que ces emprunts sont moins chez lui des principes que des moyens d’expliquer et de développer ses propres principes, qu’il tire d’ailleurs. Ce qu’il conserva de ses études philosophiques, plus étendues que profondes, ce qu’il retint des habitudes de la culture hellénique, c’est une activité et une liberté d’esprit qui peuvent tromper et ont fait illusion sur ses vraies tendances. Non, il ne se propose point de fondre la philosophie avec le christianisme, mais de décorer celui-ci des dépouilles de celle-là. » Et M. Denis confesse que là où il cherchait un philosophe, il a trouvé un théologien : aussi est-ce la théologie d’Origène, beaucoup plus que sa philosophie, qu’il va nous exposer, on s’en doutait déjà par la table des matières[2]. Nous, à notre tour, nous allons relever dans cette théologie, étudiée avec tant de conscience, exposée avec tant de précision, les quelques points qui nous semblent plus particulièrement intéressants.

Une des opinions à propos desquelles on a le plus relevé la prétendue influence de Platon sur Origène, c’est le salut final de tous. M. Denis fait ressortir comment cet accord n’est qu’apparent, la « soli-

  1. Nous exprimerons le regret de ne pas voir des sommaires développés en, tête de chaque chapitre. Cela est indispensable aux recherches.
  2. Et par le titre : De la philosophie d’Origène et non La philosophie d’Origène.