Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
Dr SIKORSKI. — l’évolution psychique de l’enfant

4o L’étude des propriétés physiques des objets, par exemple l’opacité ou la transparence (les enfants admirent en les étudiant les objets de verre et en général ceux qui sont transparents), la divisibilité, etc.

5o L’étude des rapports de la succession et de la causalité des phénomènes.

L’observation des jeux et de passe-temps démontre qu’un même jouet peut servir à des buts différents. Par exemple, les enfants aiment à jeter les jouets ou à tapoter avec ceux-ci ; parfois ils les emploient pour la production de sons ou de bruits qu’ils analysent et classent ; tantôt c’est pour la reproduction des idées, et alors un son donné est préalablement reproduit dans l’esprit de l’enfant (il y est pour ainsi dire attendu), et le son réel sert à vérifier et à vivifier le son intellectuel. Quelquefois la percussion des objets sert à étudier les mouvements et leurs interruptions subites (c’est ainsi que les enfants aiment, comme plusieurs idiots, à planter des clous, etc.). Parfois la percussion intéresse l’enfant comme un procédé à l’aide duquel il définit la qualité et la force des contractions musculaires ; ou bien il étudie, à l’aide des percussions, les rapports accidentels entre les mouvements propres et leurs conséquences extérieures, etc.

Les jeux peuvent fatiguer l’enfant. Le résultat définitif de cette fatigue peut être la cessation des jeux, le passage à un autre passe-temps, le sommeil ou enfin les larmes. La fatigue se trahit par le changement des buts poursuivis par l’enfant, par une inattention et par des passages irréfléchis d’un objet à l’autre. Un indice plus palpable et plus objectif de fatigue est fourni par la qualité de la coordination motrice, à proprement parler — par le manque de précision des conceptions motrices. Un exemple va éclaircir notre pensée. Supposons que l’enfant tâche de saisir le pendule en mouvement ou une balle balancée au bout d’un fil. Ses mouvements portent au commencement le caractère d’actes assez bien coordonnés ; ses mains suivent les oscillations du pendule avec assez de précision, et elles sont parfois très près d’atteindre leur but. Mais quelques secondes après (plus l’enfant est âgé, plus ce laps de temps est long), l’enfant passe tout à coup aux mouvements brusques, violents, et il y va des mains et du tronc : il ne reste plus alors aucune trace de la coordination subtile des mouvements de tout à l’heure. Il semble, dans ces agissements, que l’impulsion des mouvements persiste, tandis que la coordination émanant des représentations, des idées, n’existe plus. En effet, l’analyse attentive des phénomènes qu’on y observe nous conduit à la conclusion, que le changement brusque du caractère des mouvements dépend de la fatigue ; mais cette fatigue