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LE DÉVELOPPEMENT PSYCHIQUE DE L’ENFANT

(Suite[1].)

II

Si l’on ne prend pas en considération les capacités de l’enfant, c’est-à-dire ses qualités névro-psychiques (innées) dont le fond est inconnu), alors on peut admettre que le développement dépend principalement des conditions suivantes :

1o Quantité et qualité de son repos.

2o Qualité de ses sentiments et de son humeur.

3o Quantité du temps que l’enfant consacre à l’observation et au travail intellectuel en général.

4o État de sa nutrition.

On peut formuler de la manière suivante la somme des conditions, qui contribuent au parfait développement intellectuel : un enfant bien portant, bien nourri, qui est généralement d’une bonne humeur et qui dort bien, se développe de la manière la plus satisfaisante et vice versa.

Analysons chacune de ces conditions en particulier, en commençant par la dernière. On peut admettre à priori qu’une bonne nutrition peut avoir quelque signification en matière de progrès intellectuel. Un savant pédagogue anglais ayant fait récemment la remarque que le manque de diligence chez les écoliers dépend d’une mauvaise nutrition, leur organisa des dîners pour un prix exceptionnellement modique (40 cent. par semaine). Les résultats furent des plus satisfaisants et les élèves devinrent beaucoup plus diligents[2]. L’importance d’une bonne nutrition pour le développement psychique se montre d’une manière évidente chez les enfants à la mamelle : des enfants mal nourris, allaités par des mères ou des nourrices anémiques, montrent souvent de très bonne heure de l’irritabilité et de la faiblesse nerveuse[3]. En observant systématique-

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.
  2. The Lancet, 4 août 1883.
  3. Uffelmann, loc. cit., p. 335-336.