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A. BINET et CH. FÉRÉ. — la polarisation psychique

en lui faisant voir l’attitude, on parvient, après quelques efforts, à la lui rapprendre.

La polarisation qui s’est produite dans cette expérience a remplacé une attitude par une contracture, puis, par des mouvements convulsifs et enfin par une paralysie des mouvements nécessaires pour prendre l’attitude suggérée. Il est à remarquer que la contracture produite par l’aimant peut être appelée contracture systématisée, car elle n’est pas diffuse, elle immobilise le membre dans une attitude définie. L’expérience s’est terminée par la décharge épileptiforme ordinaire.

Nous rappellerons, à cette occasion, une expérience qui, pour des raisons particulières, ne fut pas poussée jusqu’au bout. W. étant en catalepsie, assise dans un fauteuil, dans une attitude parfaitement symétrique, les avant-bras horizontaux et les mains un peu relevées, un aimant fut appliqué à droite ; très rapidement la main gauche se contractura et le sujet prit une expression de souffrance. On le plongea dans le somnambulisme pour interrompre l’expérience. L’aimant fut laissé à droite dans le but d’obtenir le transfert et la disparition de la contracture qui changea en effet de côté. Mais il se produisit une décharge épileptiforme dans les deux mains qui retombèrent flasques, mais non paralysées.

Disons en passant que ces décharges épileptiformes constituent un des caractères objectifs les plus significatifs de la polarisation par l’aimant ; quelles soient partielles ou généralisées, elles se présentent sous une forme spéciale, tout différente des convulsions propres aux hystériques en expérience. Elles sont si bien en rapport avec l’aimantation, que l’aimant les développe, même quand il a été appliqué pendant le sommeil naturel, après avoir déterminé des phénomènes sur lesquels nous aurons à revenir, et qui, en l’absence de ces convulsions, pourraient suffire à faire rejeter l’hypothèse de la simulation.

Polarisation d’une contracture. — Dans cette expérience, comme dans la suivante, l’intervention de l’hypnotisme et de la suggestion est nécessaire, car il s’agit de contractures et de paralysies, symptômes pathologiques que la malade ne peut pas se donner volontairement pendant la veille.

IV. Wit…, étant en léthargie, on contracture les deux derniers doigts de chaque main, par la malaxation. Réveil. La contracture bilatérale persiste, comme c’est la règle. Aimant à droite. Tremblements des deux mains, puis mouvements convulsifs violents, puis arrêt. Les deux mains sont décontracturées ; le malade peut serrer avec une certaine force : il n’y pas de paralysie.