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LA POLARISATION PSYCHIQUE


I

Il est aujourd’hui bien établi que l’aimant et un grand nombre d’autres agents, dont les plus importants sont l’électricité statique, l’électricité dynamique, le diapason, etc., ont la propriété de transférer, dans des conditions déterminées, certains phénomènes unilatéraux du corps. Nous avons montré, dans un précédent travail, consacré à l’hypnotisme[1], que le nombre des phénomènes soumis au transfert est beaucoup plus grand qu’on ne le pense en général ; car il comprend non seulement des paralysies, des anesthésies, des contractures, des mouvements choréiques, à forme unilatérale, mais encore des actes plus ou moins complexes, dans lesquels intervient une part d’intelligence, de raisonnement et de volonté. Il n’est pas un seul fait psychique, susceptible d’une manifestation unilatérale, que l’aimant ne puisse transférer dans la catégorie d’hypnotiques dont nous nous sommes occupés.

Mais l’idée de transfert est trop étroite pour embrasser la totalité des phénomènes que l’aimant est capable de provoquer dans l’organisme, chez une certaine catégorie de sujets au moins. L’aimant ne fait pas que déplacer, il modifie. C’est ce que nous allons montrer par une série d’expériences.

Nous n’avons pas l’intention de construire ici de toutes pièces une théorie nouvelle sur l’action des esthésiogènes : nos observations ne sont point assez nombreuses pour rendre une généralisation légitime, mais nous pensons qu’elles en suggéreront d’autres. C’est pour ce motif que nous nous décidons à les publier.

Au reste, les phénomènes sur lesquels nous appelons l’attention ne sont pas absolument nouveaux. Lorsqu’on les connaît et qu’on les analyse, on en retrouve l’origine dans une curieuse modification de la sensibilité connue depuis sept à huit ans, et découverte en même temps que le transfert par la commission de la Société de Biologie réunie en 1877 pour examiner les travaux de Burq. Cette modifica-

  1. Voir le numéro de janvier de la Revue.