Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée


REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Mind. — July. October 1884. January 1885.

Ch. Mercier. Classification des sentiments (3 articles). La plupart des méthodes proposées pour classer les sentiments ne sont plus en rapport avec les découvertes et le développement des sciences. Parmi les plus récentes, celles de Waitz, de Wundt, de Shadworth Hodgson paraissent à l’auteur manquer complètement de la première et de la plus élémentaire condition de toute classification : à savoir que les divers groupes s’excluent réciproquement. M. Mercier adopte les principes généraux de la psychologie de Herbert Spencer ; mais il critique en même temps sa classification des sentiments. L’échec même que Spencer a éprouvé sur ce point est une preuve de l’excellence de sa méthode en psychologie, car il n’a échoué que pour y avoir été infidèle, pour avoir procédé d’une manière trop subjective, pour n’avoir pas appliqué aux sentiments la méthode qu’il a appliquée à l’intelligence et qui consiste, on le sait, à considérer l’esprit comme un facteur de la correspondance entre l’organisme et son milieu. — Il est assez surprenant que Bain, qui d’une manière générale ne procède pas comme Spencer, tient cependant compte des circonstances extérieures dans sa classification des sentiments.

Considéré du point de vue de la théorie de la correspondance, le sentiment est un état de l’organisme qui correspond à une action réciproque entre l’organisme et son milieu ; par conséquent il doit varier comme varie cette action réciproque et, par une classification de ces actions, il est possible d’obtenir une classification des sentiments. Ces actions réciproques ne peuvent se manifester que sous trois formes : elle commencent ou bien par l’agent extérieur, ou par l’agent intérieur ou par les deux à la fois. — Outre ce premier principe de classification, nous devons nous appuyer encore sur un second : c’est le principe de l’évolution tel qu’il est employé par les zoologistes dans leurs classifications. — Enfin, il y a encore un troisième principe dont on doit tenir compte : c’est celui du caractère direct ou indirect de la correspondance : les sentiments dont la correspondance avec le milieu est directe sont appelés sensations ; ceux dont la correspondance est indirecte sont appelés émotions et ceux dont la correspondance est fort éloignée sont appelés sentiments (au sens étroit).

D’après ces principes, l’auteur répartit les sentiments en six classes :

1o Ceux qui affectent primitivement la conservation de l’organisme ;

2o Ceux qui affectent primitivement la perpétuation de l’espèce ;

3o Ceux qui affectent primitivement le bien-être commun ;

4o Ceux qui affectent primitivement le bien-être des autres ;