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ANALYSES.d. asher. La philosophie de Schopenhauer.

sique nous vînt de cette Angleterre que nous sommes trop habitués en France à considérer comme vouée exclusivement à l’empirisme.

G. Fonsegrive.

Dr David Asher. Das endergebniss der Schopenhauerschen Philosophie in seiner Uebereinstimmung mit einer der altesten religionen. (Le résultat final de la philosophie de Schopenhauer dans son accord avec une des plus anciennes religions). Leipzig, Arnold’sche Buchhandlung, 1885. 1 vol.  in-8o, 100 pages.

L’auteur de cet ouvrage est un ancien et fervent disciple de Schopenhauer. La lecture et la méditation du « Monde considéré comme volonté et comme représentation » fut pour lui une véritable révélation, qui le tira du scepticisme spéculatif, où il se débattait malgré lui.

La première partie est prolixe ; l’auteur promet qu’il va mettre au jour une vérité capitale, si forte qu’elle convaincra les endurcis du doute, ouvrira les yeux aux aveugles, forcera les sourds à entendre les paroles de la foi nouvelle (1-25).

Cette vérité, inattendue et qui semble au premier abord peu susceptible de fournir tant d’effets, c’est le complet accord de la philosophie de Schopenhauer avec la doctrine de Moïse.

Suit une analyse de la philosophie première de Schopenhauer. Écrit, ainsi que nous l’apprend l’auteur, depuis longtemps déjà, ce morceau est la meilleure partie de l’ouvrage ; le style en est clair, animé, les redites y sont plus rares. Le Dr Asher estime que, détachés des croyances religieuses, la plupart des contemporains ont versé dans le scepticisme. « Je demande, dit-il, si c’est là un sain état de choses, si cela peut durer ?… » (p. 31.) La doctrine qu’il tient en réserve « est fondée sur la religion et sur la philosophie, et concorde absolument avec le système scientifique de notre temps, en un mot, avec le darwinisme. » (p. 32.) Voilà de belles assurances ; elles sont plus nombreuses que les preuves et que les faits.

Quelle est donc cette panacée (balsam) ? L’auteur a connu assez tard Schopenhauer ; mais durant les dernières années du philosophe (1854-1860), il a vécu dans son intimité ; le maître lui a légué, outre un souvenir matériel de son amitié (nebst der goldenen Brillep. 49) et un exemplaire de sa dernière œuvre, les témoignages par écrit, l’attestation que le disciple avait fidèlement saisi et résumé la vraie doctrine. Il est curieux de voir comment le Dr Asher, sceptique à son corps défendant, est arrivé par une lumière subite à regarder Schopenhauer comme un messie, ou plutôt comme un prophète, tout en rejetant comme accessoires les conclusions pessimistes du système. C’est auprès de Leipzig, dans une promenade mémorable, qu’il eut son chemin de Damas ; parti sceptique et kantien pour le Rosenthal, en mai 1854, « tout à coup, comme par une révélation » (p. 35) la vérité lui apparut dans