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M. Bonvecchiato n’a pas de peine à montrer que les principaux représentants de l’associationisme ont toujours déclaré qu’ils considéraient la conscience comme un fait donné. Si quelques-uns sont allés plus loin et ont essayé d’en expliquer la genèse, il n’ont jamais présenté cette tentative que comme une hypothèse. D’ailleurs la doctrine spiritualiste ne fait que substituer à cette difficulté un autre problème non moins obscur et non moins insoluble. Au lieu d’avoir à expliquer comment la conscience peut sortir de l’inconscient, il lui faut dire comment l’âme érigée en substance autonome peut agir sur le corps auquel elle est intimement unie et dont elle dépend en fait sous toutes les formes. On sait combien de vains essais d’explication ont été tentés dans ce sens.

Quant à l’unité de la perception, c’est un fait inexplicable d’après l’auteur (p. 27), mais qui ne l’est pas plus, en admettant qu’elle est produite par des modifications inconnues de la substance, en qui les phénomènes spirituels sont contenus en puissance et en acte, qu’en admettant une substance spirituelle dont le mode de fonctionnement est un premier problème, et l’union avec la matière un autre problème, inintelligible comme nous venons de le dire.

L’auteur insiste sur l’appui que les faits pathologiques fournissent contre l’inconsistance de la doctrine substantialiste et il cite à ce sujet deux observations intéressantes qui lui sont propres, dont l’une (p. 44). est un cas de rééducation complète de la mémoire perdue à la suite d’une fièvre typhoïde.

« La conscience, dit l’auteur en terminant, vient ainsi à être une potentialité, une force latente inhérente à tout le substratum physique qui produit l’esprit, et elle s’actualise là où se trouvent les conditions opportunes. Quel dynamisme serait supérieur à celui-là qui fait pénétrer intimement l’esprit dans la constitution même de la matière ? Et n’est-ce pas une véritable erreur de fait de l’école substantialiste, lorsque, s’opposant à nous, elle se nomme seule spiritualiste ? Un phénoménisme comme le nôtre ne peut-il pas à bon droit répéter le mot de Heine : Ich gehöre nicht zu den Materialisten die den Geist verkörpern ?


Andrew Seth. The developement from kant to hegel with chapters on the philosophy of religion (Williams and Norgate, Londres, 1882, in-8o, 170 p.).

Comme l’indique le titre, ce livre a pour objet de montrer le développement de la philosophie allemande de Kant à Hegel. Deux chapitres nous entretiennent ensuite de la philosophie de la Religion dans Kant et dans Hegel.

La méthode uniforme de Kant consiste à rechercher les conditions de la possibilité de l’expérience. De là trois questions : Quelles sont les conditions qui sont requises pour que le fait de la connaissance