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ANALYSES.e. bonvecchiato. Mémoire et conscience.

6o Les caractères les plus marqués chez un individu sont ordinairement ceux qu’il tient de ses deux parents et surtout de ses parents et d’autres ascendants.

Outre l’important mémoire dont nous venons de donner une brève analyse, cette deuxième édition contient un grand nombre d’additions aux divers sujets traités dans la première : sélection, influences extérieures, méthode statistique. Quoique l’auteur ait usé de cette dernière, il ne lui attribue pas une valeur exclusive. « Sur ce point, dit-il, mon opinion peut être exprimée en peu de mots : l’ancien adage Mundum regunt numeri… doit être changé en Mundus regit numeros… De grands esprits trouveront ma méthode mesquine et insuffisante. Ils préfèrent se tenir dans des régions supérieures en employant des moyens plus hardis mais plus vagues. Par goût et par habitude, je me contente de m’élever moins haut, en suivant le procédé vulgaire de monter de marche en marche. »

Th. Ribot.

E. Bonvecchiato. I frazionamenti della memoria e gli errori della coscienza. In-8o, Venezia. Ferrari. 71 pages.

Cet opuscule est une œuvre de polémique. L’auteur, médecin du manicôme de Saint-Clément, à Venise, est un adhérent zélé de la psychologie nouvelle, et déjà, dans un précédent ouvrage, il avait étudié la folie morale[1] du point de vue de la théorie de l’évolution et de l’associationisme. Cette fois, il combat certaines doctrines soutenues par M. L. Ferri dans son important ouvrage, bien connu en France : La psychologie de l’association depuis Hobbes jusqu’à nos jours. On sait que M. Ferri appartient à l’école spiritualiste et que, dans ce dernier ouvrage, il a défendu sa croyance philosophique avec un talent de discussion et une pénétration critique auxquels M. Bonvecchiato rend plein hommage et à plusieurs reprises.

Notre auteur classe sous trois titres les thèses de L. Ferri qu’il veut combattre.

1o Les associationistes prétendent expliquer la production de la conscience, par une combinaison de phénomènes physiques.

2o Ils méconnaissent l’unité de la perception, ou, pour employer les termes mêmes de Ferri : « le vieil argument tiré de la perception des rapports et de l’unité de la conscience, qui se redresse toujours pour protester contre la suppression de la force psychique[2]. »

3o Ils réduisent tout, en dernière analyse, aux données des sens, sans tenir compte des facultés supérieures qui dépassent l’expérience, ne fût-ce que pour la régler (Catégories de Kant).

  1. Il senso morale e la follia morale, in-8o, Padoue-Vérone, 1883, Drucker et Tedeschi.
  2. Ferri, ouv. cité, p. 303.