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suit : Caractères extérieurs 38 pour 100 communs avec les deux parents, 43 pour 100 avec le père seul, 19 pour 100 avec la mère seule. — Caractères intérieurs : 36 pour 100 communs avec les deux parents, pour 100 avec le père seul, 14 pour 100 avec la mère seule. — Sentiments : 47 pour 100, 16 pour 100 et 37 pour 100. — Intelligence : 33 pour 100, 56 pour 100 11 pour 100. Ainsi l’héritage paternel a été le plus fort dans trois des catégories.

La même méthode a été appliquée à 31 individus (18 hommes, 13 femmes) appartenant à seize familles différentes. Chez eux, 1032 caractères ont été étudiés dont la présence ou l’absence a pu être constatée chez les deux parents. Les résultats de cette longue recherche sont résumés dans un tableau que nous ne pouvons reproduire, non plus que les déductions qui en sont tirées. Je noterai seulement un résultat favorable à une opinion qui a généralement cours, dans le monde, au sujet de l’hérédité. « On dit souvent que les caractères paternels se transmettent plus aux filles qu’aux fils et les maternels plus aux fils qu’aux filles : Mes notes sont bonnes pour vérifier ces assertions basées beaucoup trop sur des exemples isolés favorables à la théorie. » En laissant de côté les caractères physiques, qui dépendent beaucoup du sexe, pour s’en tenir aux deux catégories psychiques, l’auteur a trouvé que, pour ce qui concerne les sentiments, les fils présentaient 26 0/0 de caractères communs avec le père seul et 21 avec la mère seule ; les filles 35 et 19 pour ce qui concerne l’intelligence, les fils avaient 37 0/0 de caractères communs avec le père seul, 15 avec la mère seule ; les filles 40 et 13. « Ce qu’il y a de plus clair dans ces chiffres, c’est que les filles avaient reçu beaucoup plus de caractères instinctifs et intellectuels de leurs pères que de leurs mères. » (P. 84.)

Nous noterons enfin pour ceux qui voudraient se livrer à une enquête de ce genre, les principaux caractères instinctifs ou intellectuels étudiés par M. de Candolle probité, véracité, ordre dans les affaires, indépendance d’opinion, degrés de la volonté, vanité ou amour-propre, sociabilité, affectuosité, sens musical, sentiment des arts plastiques, jugement, raisonnement, faculté d’observation, degrés de l’imagination, aptitude ou calcul, goût (ou éloignement) des abstractions métaphysiques.

Les conclusions de son mémoire peuvent être résumées comme il suit :

1o L’hérédité des caractères moyens et distinctifs, de toutes les catégories, est une loi générale qui souffre bien peu d’exceptions.

2o L’atavisme se présente rarement (5 à 10 fois sur 100) et dans certains cas, il tient non à ce qu’un caractère manquait, mais à ce qu’il était faiblement accusé dans les générations intermédiaires.

3o Les femmes présentent moins de caractère distinctifs que les hommes.

4o Tout les caractères distinctifs, considérés par groupes, se transmettent plus par les pères que par les mères, surtout ceux de l’intelligence.

5o Il est difficile de savoir si les caractères acquis par l’éducation, les lectures, etc., se transmettent par hérédité.