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NOTES ET DISCUSSIONS


L’HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES

Dans leur récent article, « L’hypnotisme chez les hystériques » [1], MM. Binet et Féré m’adressent des critiques auxquelles je dois répondre. Les observations que je veux présenter aux lecteurs de la Revue s’élèvent au-dessus d’un débat personnel ; elles visent dans son fondement la doctrine des phénomènes hypnotiques ; elles sollicitent l’attention des physiologistes et des psychologues ; car aucun pas utile ne peut plus être fait dans la question, avant que le différend qui nous sépare ne soit tranché.

MM. Binet et Féré concluent de leurs expériences, déjà soumises en partie à la Société de Biologie, que l’application d’un aimant sur un sujet hypnotisé peut transférer sur le côté du corps auquel il est appliqué, par exemple au bras gauche, les phénomènes tels que anesthésie, contracture, paralysie, etc, provoqués de l’autre côté, par exemple au bras droit. Ce transfert aurait lieu, sans l’intervention de la suggestion, par un simple phénomène physique, dans lequel le cerveau du sujet ne jouerait aucun rôle.

J’ai dit, au contraire, à la Société de Biologie[2], que la suggestion m’a paru être la clef de tous les phénomènes hypnotiques que j’ai observés. J’ai essayé de reproduire les expériences de MM. Féré et Binet et je n’ai pas réussi alors que la suggestion n’était pas en jeu ; j’ai essayé un très grand nombre de fois, sur un très grand nombre de sujets, en présence de plusieurs de mes collègues parmi lesquels MM. Beaunis et Charpentier qui ont bien voulu contrôler mes expériences.

Voici, par exemple, une expérience que j’ai faite avec M. Beaunis : Nous endormons une infirmière du service susceptible d’entrer en somnambulisme, qui n’avait jamais assisté ni comme témoin, ni comme actrice au genre d’expérimentations que je voulais faire sur elle. Je mets le membre supérieur gauche en catalepsie, horizontalement, le pouce et l’index étendus, les autres doigts en flexion ; le bras droit reste en résolution.

  1. Revue de janvier, 1885.
  2. Comptes rendus de la Société de Biologie, n° 17, 1884.