Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
G. POUCHET. — la biologie aristotélique

Les Crabes et les Astacus ont des pinces et ils se distinguent à leur tour les uns des autres en ceci que les derniers ont une queue pour nager. Nous voilà donc en présence d’une véritable classification dichotomique. Les Crabes qui vivent un peu loin du rivage sont moins agiles que les autres, tels les Maia et les Crabes héracléotiques[1]. Ces deux espèces se distinguent en ce que l’une a les pattes longues et l’autre courtes. Il existe encore de petits crabes qu’on prend en même temps que les sardines les et anchois, et qui ont la dernière paire de pattes élargie en forme de rames ou de palettes. La description est très juste : ce sont nos crabes nageurs ou portunus.

Les Karides diffèrent des Crabes par l’existence d’une queue (= abdomen) et des Astacus par l’absence de pinces. Par contre les Karides ont un plus grand nombre de pattes, en vertu d’une sorte de balancement organique, comme dira plus tard Geoffroy Saint-Hilaire.

IX. Insectes. Les Insectes sont de tous les animaux ceux qu’Aristote connaît le moins : leurs métamorphoses l’égarent, et il est conduit à des opinions tout à fait singulières sur leur évolution ; celle-ci d’après lui peut présenter trois modes différents :

1o Certains insectes proviennent d’insectes pareils à eux ; ils s’accouplent pour se reproduire : tels sont les Sauterelles, les Grillons, les Guêpes, les Fourmis. Chez eux la femelle est ordinairement plus grosse que le mâle, particularité qui se retrouve chez la plupart des Poissons et des Quadrupèdes ovipares (Gen. I, 31). Cette femelle pond des scolex qui se transforment en insectes parfaits.

2o D’autres Insectes naissent spontanément de liquides en putréfaction et même de matières solides. Telles sont les Puces, les Mouches et les Cantharides (Hist. des anim., V, xvii, 17). Ce n’est pas l’insecte parfait qui naît ainsi spontanément, mais la larve qui le donnera ou qui est censée devoir le donner[2]. Car il est bien certain que pour la Cantharide en particulier, si l’insecte désigné ainsi est bien le nôtre, Aristote n’en a jamais connu la larve, qui vit cachée et dont l’histoire n’est pas encore complètement faite. Ces insectes bien que nés par génération spontanée s’accouplent et produisent à leur tour des scolex.

3o Certains Insectes, enfin, naissent spontanément ; mais ne s’accouplent pas. Ici se rangent les Éphémères, les Cousins et une foule d’autres de même sorte (Gen. I, 30.)

Les Insectes peuvent donc naître spontanément ; d’autre part ils

  1. Nos Tourteaux ou Dormeurs.
  2. Voy. ci-dessus, p. 196.