Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
revue philosophique

tions qu’offrent certaines espèces, telles que l’absence de cornes chez le Chameau. La caractéristique qu’il donne des Ruminants pourrait se formuler ainsi : pieds fourchus, manque d’incisives à la mâchoire supérieure, estomac multiple, mamelles inguinales, présence de cornes. Aristote établit aussi que les Porcins se rapprochent des Ruminants plus que tous les autres vivipares ce qui est assez exact.

II. Quadrupèdes ovipares. Nous avons déjà signalé un chapitre de l’Histoire des animaux, II, viii, d’ailleurs complètement détaché, sans lien avec ce qui précède ou ce qui suit, qui donne une descrption excellente du Caméléon.

III. Oiseaux. L’aile des Oiseaux répond au membre antérieur. Les deux pattes complètent les quatre membres qui sont le propre des Sanguins. L’Oiseau ne peut donc être que bipède puisque deux de ses pattes sont employées au vol. Aristote met l’Autruche à part de tous les oiseaux (Des parties, IV, 12-14) ; les zoologistes modernes font de même en distinguant les Ratites où ils placent l’Autruche et plusieurs oiseaux de l’hémisphère austral, des Carinates. L’Autruche, remarque Aristote ne vole pas, ses plumes ont plutôt l’apparence de poils ; elle se rapproche encore des Quadrupèdes en ce qu’elle a une paupière supérieure avec des cils dont le développement frappe d’autant plus que la tête et le haut du cou sont entièrement dénudés ; enfin l’Autruche a le pied fourchu et muni de sabots, comme un vivipare le fait est que le pied de cet oiseau n’est pas sans rappeler vaguement l’apparence de celui du Chameau.

Aristote s’étend longuement sur le nombre d’œufs qu’ont les Oiseaux (Gen. III, 4 et suiv.). Il cite parmi ceux qui en ont beaucoup, l’Autruche, sur laquelle il avait par conséquent des renseignements exacts, et les oiseaux à vol lourd comme la Poule[1], la Perdrix[2]. Les oiseaux de proie, au contraire, en ont toujours peu, l’aliment étant détourné de la sécrétion séminale pour être utilisé dans les fortes plumes de leurs puissantes ailes.

IV. Ovovivipares. Les Sélaciens comptent au nombre des animaux qu’Aristote a le mieux connus. Il sait leur ponte intérieure et l’éclosion des jeunes dans le corps de la femelle. On peut seulement s’étonner qu’il paraisse croire tous les sélaciens vivipares, et qu’au courant comme il était des choses de la mer, il n’ait point connu les

  1. « Parmi les poules, l’espèce adriatique, qui est de petite taille, est surtout productive ; les craintives sont meilleures pondeuses que les hardies ; celles-là sont humides et dodues, celles-ci plus sèches et plus maigres, la maigreur allant toujours avec le courage, et d’autre part l’abondance de fluide séminal ayant pour condition favorable le chaud et l’humide » (Gen. III, 6, 8).
  2. Les petits oiseaux ont aussi beaucoup d’œufs, mais pour d’autres raisons.