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font leur habitation, en impose à Aristote, qui ne peut d’autre part méconnaître leurs affinités avec les Crustacés.

4o Enfin les Insectes, groupe dans lequel rentrent tous les animaux que nous rangeons encore sous cette dénomination, avec les Scolopendres et les Araignées.

Les autres classifications données dans la collection aristotélique diffèrent assez peu de celle-ci. Une d’elles est ascendante. Elle énumère successivement : 1o les Testacés ; 2o les Crustacés ; 3o les Mollusques ; 4o les Insectes reportés ici, comme on le voit, plus haut que dans la classification précédente ; puis 5o les Poissons comprenant ici tout à la fois les téléostéens, les sélaciens et les cétacés ; 6o les Oiseaux, qui vivent dans l’air ; et enfin 7o les Sanguins terrestres, c’est-à-dire tous les quadrupèdes, aussi bien ovipares (= Reptiles) que vivipares ( Mammifères), en rapprochant de ces derniers l’Homme, le seul bipède vivipare (Histoire des animaux, V, i, 1-3). Il suffit d’un coup d’œil jeté sur cette classification pour reconnaître que les Sanguins, divisés en Poissons, Volatiles et Quadrupèdes sont ici partagés d’après la doctrine des éléments, abstraction faite du Feu où nul être vivant ne peut subsister[1].

Les Sanguins terrestres et aériens peuvent se partager en (α) vivipares et (β) ovipares. — (α) Les vivipares sont nos mammifères terrestres ou, comme les appellent certains zoologistes, géothériens. — (β) Les ovipares se divisent à leur tour en (ibipèdes (les oiseaux), en (iiquadrupèdes (les reptiles) et en (iiiapodes comprenant le seul genre des Serpents.

Les Sanguins aquatiques ou Poissons se diviseront de même en (α) Poissons à ouïes, et (β) Poissons à évent (les Cétacés). — (α) Les Poissons à ouïes se partagent à leur tour en (i) Poissons à opercule, ayant des œufs imparfaits ; et (ii) Poissons à ouïes mais dépourvus d’opercule (les Sélaciens), et qui sont en même temps vivipares (Des parties VI, 11). On voit combien est poussé loin cet arrangement méthodique des êtres, puisque voilà des groupes divisés et leurs divisions subdivisées.

Cependant rien n’est absolu et il y a des animaux, remarque Aristote, qui semblent se relier à deux groupes à la fois, tenir d’une double nature terrestre et aquatique, ou terrestre et aérienne, comme les Cétacés, les Phoques et les Chauves-souris. Le Phoque

  1. Cependant on trouve au traité De la respiration (XIII, 5) une attribution des êtres vivants aux quatre éléments, qui n’exclut pas le feu : 1o À la Terre se rapportent les plantes qui y plongent leur racine ; 2o à l’Eau les poissons ; 3o à l’Air les volatiles et 4o finalement au Feu se rattachent les animaux terrestres, les quadrupèdes, dont le corps est chaud.