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G. POUCHET. — la biologie aristotélique

tout déterminés par l’unique particularité d’avoir du sang rouge, mais par un ensemble de caractères qui ne se retrouve en aucune façon chez les vers[1]. Nos zoologistes contemporains ne procèdent pas autrement pour établir leurs classifications.

Aristote, pour diviser les Sanguins, n’a aucun égard à la température, chez les animaux ; et la différence qu’ils offrent sous ce rapport ne le frappe pas nous en avons donné la raison[2]. L’embryogénie seule guidera notre philosophe qui par ce côté aussi est bien moderne, et avec l’embryogénie certaines considérations tirées des éléments. Les Sanguins se partagent ainsi :

1o Les Vivipares vrais, où se rangent les poissons à évent (= Cétacés). Les vivipares respirent l’air, ils sont donc d’un principe plus pur. Ils sont les premiers dans la hiérarchie vivante, ce qu’on exprimera d’un mot en disant qu’ils sont plus chauds que les autres animaux.

2o Les Ovovivipares qui sont les Sélaciens, nos Raies, nos Squales, nos Requins etc…

3o Les Ovipares, comprenant les Oiseaux, puis les quadrupèdes ovipares, c’est-à-dire les Reptiles, avec lesquels il faut ranger les Serpents, qui ne sont, dit Aristote, que des Lézards sans pattes, et enfin les poissons à opercule (= Téléostéens). De tous les Ovipares, ces derniers seuls pondent des œufs incomplets ou imparfaits (voir plus haut, p. 195).

Les animaux dépourvus de sang, et que nous appellerons les Exsangues, sont divisés également en quatre classes (Histoire des animaux, VI, i).

1o Les Mollusques, c’est-à-dire dans la synonymie aristotélique : les Céphalopodes, qu’ils soient nus comme le Poulpe ou qu’ils aient une coquille comme l’Argonaute.

2o Les Crustacés, tous les animaux que nous désignons encore sous ce nom, entre autres la Langouste et le Homard qu’Aristote décrit très exactement.

3° Les Testatcés, nos mollusques (à l’exception des Céphalopodes) avec les Ascidies et les Pagures[3]. La coquille étrangère dont ceux-ci

  1. Il est possible que les vers de terre, si communs dans nos climats pluvieux du nord, soient moins connus dans les pays plus secs du midi. Il résulterait d’un passage de la collection aristotélique que les vers de terre ont été peut-être regardés à une époque comme du frai d’anguille. Il ne faudrait point s’étonner qu’une telle opinion ait pu exister, et on doit toujours se garder de juger à la mesure de notre savoir actuel, les croyances populaires aussi bien que les doctrines scientifiques du passé.
  2. Voy. ci-dessus, t.  XVIII, p. 380.
  3. Le Bernard-l’Hermite.