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LA BIOLOGIE ARISTOTÉLIQUE

(Fin)[1]

XII

la zoologie.

Il nous reste à montrer Aristote zoologiste. Il avait laissé, dit-on, des écrits de botanique ; malheureusement ils ne sont pas parvenus jusqu’à nous et la renommée de son disciple Théophraste a sans doute profité de cette lacune : quelques passages de celui-nous nous montrent tout au moins qu’il y puisa largement. La perte en est surtout regrettable parce que ces écrits nous auraient permis de mieux saisir dans son ensemble le système du grand naturaliste qui eut le sentiment si vif de la progression, aussi bien que de l’unité de composition des êtres vivants.

L’Homme naturellement occupe le haut de l’échelle. De tous les animaux il est celui qui a le sang le plus pur et le plus abondant. Il est aussi de tous celui qui se tient le plus droit (Respiration, III, 3). Il est le plus parfait, il est le mieux doué et le plus intelligent (Gen., II, 99). Tout cela peut s’exprimer d’un mot : il est le plus chaud, qualité qui marque toujours dans le langage de l’École le degré de dignité organique[2]. Mais l’homme, et cela doit demeurer bien entendu, n’est séparé des autres animaux que par des différences de plus ou de moins. Rien ne le distingue spécifiquement. Ce fut en effet le propre génie d’Aristote d’apprécier avec une sagacité merveilleuse les rapports entre les êtres vivants. Il n’a créé ni la physiologie, ni l’anatomie, ni l’embryogénie. Mais tout semble indiquer qu’il a été le premier zoologiste classificateur. Non seulement il réunit les animaux en groupes naturels, pour nous servir d’une expression chère à la zoologie moderne, mais il saisit encore, dominant tous ces groupes, des lois plus générales et il en donne la formule précise. Il

  1. Voir les numéros d’octobre, novembre 1884, janvier et février 1885.
  2. Voy. ci-dessus, t.  XVIII, p. 380.