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maux sur lesquels nous avons des données certaines, à la seule exception de l’éléphant. La cause directe de la durée de la gestation pour chaque espèce doit donc être uniquement recherchée dans sa taille, c’est-à-dire dans le volume qu’aura le jeune à la naissance (Gen., IV, 123), parce qu’il faut nécessairement plus de temps pour le parfaire, s’il est gros que s’il est petit. — La règle que pose ici Aristote est rigoureusement exacte.

Chez tous les animaux, le fœtus vient au monde par la tête en raison du poids de celle-ci (Gen., IV, 121). Les petits des animaux, principalement ceux qui viennent immatures, continuent de dormir après la naissance comme dans la matrice. — Le nouveau-né ne rit jamais en état de veille ; quand il dort au contraire on le voit pleurer ou rire (Gen., V, 9) ; il semble demeurer dans un état voisin du somnanbulisme, lequel est fort bien décrit à ce propos (Gen., V, 11).

La venue, la parfaite coction du lait coincide avec l’époque de la parturition (Gen., IV, 120). Pour la femme, il était inutile qu’elle eût du lait avant le septième mois (Gen., IV, 110), puisque jusqu’à cette époque l’enfant ne naît pas viable. Mais le lait n’acquiert toute sa qualité qu’à l’époque de l’accouchement, parce que le germe dans la matrice en avait d’abord accaparé les principes doux et sucrés. À mesure que l’embryon avance en âge, ces principes restent en excès et d’autant plus qu’il approche du terme de son évolution : c’est le moment où le lait, formé des mêmes principes, va devenir utile et couler des mamelles.

La puberté provoque chez les garçons aussi bien que chez les filles un gonflement des seins, ce qui est très exact. Les mêmes signes se montrent d’ailleurs chez les bêtes où les vétérinaires[1] savent très bien les reconnaître (Gen., IV, 185). La raison de ce gonflement nous est donnée tout au long, mais elle est, comme tout ce qui touche à la gynécologie, peu conforme à la doctrine générale du maître. Ce gonflement serait dû à la sécrétion abondante qui se fait à cette époque vers les parties basses, et qui laisse, par suite, vide et spongieuse la région de la poitrine. Du moment que le fœtus n’emploie plus la secrétion sexuelle et que, d’autre part, il l’empêche d’être expulsée, elle s’écoule naturellement vers les lieux vides existant sur les mêmes canaux. Or, les mamelles sont en relation avec la matrice par le cœur, de même qu’on a vu le cœur être le lien qui rattache la mue de la voix à l’épanouissement des organes génitaux (Gen., IV, 114). Il est clair, pour la même raison, que les règles seront supprimées pendant l’allaitement. Si

  1. Nous traduisons ainsi ἔμπειρος.