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Les poussins sont également imparfaits chez plusieurs oiseaux qui pondent cependant peu d’œufs : le ramier, la tourterelle, le pigeon domestique, parce que, dans ces espèces, la nourriture fournie par l’œuf est insuffisante (Gen., IV, 97), tandis qu’elle est suffisante chez la poule, le canard, etc.

Pour ce qui est de l’espèce humaine, les filles se développent moins vite dans la matrice que les garçons. Les femelles des animaux ne présentent rien de pareil. La femme se forme plus lentement parce qu’elle est moins chaude, et que ce qui est moins chaud atteint moins vite sa coction suffisante. Par contre, la femme arrive plus rapidement dans la vie à son complet épanouissement, à la puberté, puis à la vieillesse. Mais c’est pour une autre raison : parce que toute chose est conduite d’autant plus vite à son but qu’elle est plus petite, aussi bien en art que dans les êtres naturels (Gen., IV, 101). Il existe encore une différence entre les femelles des animaux et la femme : elles ne sont point affectées pendant le temps de la grossesse. Toutefois cet état de souffrance qui est propre à la femme, dépend, en partie, des habitudes de l’existence. Par la vie de repos, assise, les sécrétions s’accumulent ; de là vient que les femmes qui travaillent ne sont pas exposées aux mêmes inconvénients ; et il est certain qu’elles ont des accouchements moins laborieux (Gen., IV, 103). Suit une explication de ces faits peu en harmonie avec la doctrine aristotélique : les règles des femmes y sont présentées comme une sorte de purification, mais qui serait utilisée, pendant le temps de la grossesse, pour le développement de l’embryon. La présence du fruit dans la matrice aurait donc pour premier effet d’entraver la purification menstruelle et si les accidents sont plus graves au début de la grossesse, c’est parce que le germe n’utilise au début qu’une petite partie de cette sécrétion. C’est seulement ensuite, quand il lui en faut davantage, que la mère se trouve soulagée. Chez les animaux la sécrétion est peu abondante et en juste rapport avec le développement des embryons ; tout est donc consommé, rien ne reste pouvant nuire à la mère, qui ne souffre par suite aucune atteinte. De même les femmes bien portantes pendant la grossesse sont celles dont l’organisme ne fournit qu’une faible quantité de sécrétion, utilisée tout entière à la nourriture de l’embryon. Mais la vie sédentaire augmente les sécrétions, la purification du fait de l’embryon devient insuffisante ; de là les accidents plus fréquents chez les femmes inoccupées (Gen., IV, 103). De là aussi l’accouchement plus laborieux, parce que chez elles le mouvement, le travail ne viennent pas donner plus d’activité à la respiration et permettre une plus grande retenue du souffle (propre à