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augmenter sans élever la température de l’eau à partir du moment où celle-ci est bouillante (Gen., IV, 74). Toutefois, chez l’homme et chez les animaux qui n’ont naturellement qu’un petit, si une trop grande quantité de fluide séminal est produite des deux côtés et suffisante à la formation de deux embryons, on aura des jumeaux. Mais cela est déjà une chose extraordinaire (τερατώδης) et en quelque sorte un premier degré vers la production de monstres[1].

La superfétation est une question qui paraît avoir été souvent traitée par les anciens et il existait même du temps d’Aristote un ouvrage sur ce sujet spécial, d’un certain Léophanes[2], Selon les espèces, dit le traité De la Genèse, la superfétation est toujours possible, ou n’est possible qu’à certaines époques, ou ne l’est jamais (IV, 36). Chez les grands animaux et l’homme elle est possible pourvu que la seconde approche du mâle suive de peu la première. On cite des cas, mais ils sont rares, parce que la matrice de la femme se clôt après la conception. S’il y a malgré cela superfétation le second fruit ne pourra venir à bien, il est expulsé comme une fausse couche (Gen., IV, 88).

La superfétation paraît au contraire fréquente chez les animaux pluripares et de petite taille, riches par conséquent en liquide séminal. Même alors que la seconde approche du mâle a été tardive la femelle peut mener à terme sa nouvelle portée (Gen., IV, 92). En effet chez ces animaux la matrice est large, de plus elle ne se ferme pas afin que la surabondance de fluide séminal inutilisée pour la première portée puisse s’écouler au dehors. On conçoit, par suite, que cet excédent fécondé à nouveau fournisse à une nouvelle gestation. N’a t-on pas observé d’ailleurs des femmes chez lesquelles les règles ont continué pendant toute la durée de la grossesse (Gen., IV, 93-94) ? Pour le lièvre la superfétation est le cas ordinaire. La hase qui met bas des petits complètement développés en porte souvent d’autres imparfaits (Gen., IV, 94).

Tous les animaux ne naissent pas dans le même état. Certains, comme les Solipèdes, les Fissipèdes mettent bas des petits complètement formés ; d’autres des petits imparfaits, immatures (ἀδιάρθρωτος), presque comparables à des scolex (Gen., IV, 95). Tous les digités sont dans ce cas[3], le Loup, le Chien, le Thos[4], le Lion, le Renard

  1. Voy. ci-dessus.
  2. Il est possible que ce traité soit celui que nous possédons dans la collection hippocratique.
  3. On sait aujourd’hui qu’il y a des exceptions chez certains. Rongeurs exotiques, par exemple le Cochon d’Inde.
  4. Voy. ci-dessus, 1er article.