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II, 65), donne d’abord deux veines qui en partent et qui fournissent d’autres veines plus petites pénétrant dans la matrice. Ce sont elles qui constituent le cordon avec l’enveloppe qui les protège (Gen., II, 66). Le nombre de ces veines paraît en rapport avec le volume des animaux : trois chez les plus grands comme le bœuf, une chez les plus petits, deux chez ceux de taille moyenne (Gen., II, 113). Nous avons déjà vu la taille des animaux régler le nombre des cavités cardiaques[1] : c’est le même ordre d’idées, mais il était ici beaucoup plus facile d’éviter l’erreur. Aristote décrit très bien les cotylédons qui tiennent lieu de placenta aux Ruminants et aux Porcins[2]. Il les compare à des sortes de tumeurs passagères (Gen., II, 115). Il se trompe toutefois en croyant qu’ils diminuent à mesure qu’approche le terme de la gestation. En réalité, ils ne cessent pas de grandir, mais comme leur accroissement n’est pas proportionnel à celui du corps lui-même, ils ont l’air en effet de diminuer de volume. Nous disons encore couramment en embryogénie, que tel ou tel organe s’atrophie, pour signifier simplement qu’il ne s’accroît pas en proportion du reste de l’organisme.

L’ordre dans lequel apparaissent les organes chez l’embryon avait déjà préoccupé les anciens physiologues (Gen., II, 82). Cet ordre, pour Aristote, est réglé par leur utilité même et la part qu’ils prennent à la formation des autres (Gen., II, 84). Tout va donc graviter autour du cœur. Après le cœur, se dessinent les organes situés à côté de lui au-dessus du diaphragme (Gen., II, 76), les parties supérieures, la tête d’abord trop lourde avec son encéphale complètement fluide[3]. Plus tard seulement on verra apparaître les parties inférieures, les membres d’abord très grêles, puis les pieds et les mains, enfin les paupières qui resteront longtemps closes chez les carnassiers (Gen., II, 84, 101). Au contraire les yeux se sont formés de très bonne heure, en même temps que l’encéphale, auquel ils se relient directement comme on l’a vu plus haut. Chez tous les animaux qui marchent, qui nagent ou qui volent, les yeux grandissent très vite au début, mais ensuite leur évolution se ralentit (Gen., II, 96) et ce sont eux qui achèvent les derniers leur développement.

Les os apparaissent aussi de très bonne heure, avant l’époque

  1. Ci-dessus, p. 541.
  2. « La plupart des animaux à dentition complète ou de petite taille, dit ailleurs Aristote, n’ont pas de cotylédons. »
  3. L’encéphale de l’embryon est en effet beaucoup moins consistant que celui de l’adulte.