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G. POUCHET. — la biologie aristotélique

gros que pendant le reste de l’année (Gen., I, 11). Il semble disposé à admettre que cet accroissement de volume est dû à ce que le testicule, en dehors du temps des amours, attire à lui la semence produite par le conduit, et s’en augmente.

Dans l’érection, c’est le souffle, le pneuma, qui gonfle la verge (Des parties, IV, 10)[1] et de même le mamelon chez la femme (Gen., I, 86) surtout au moment du flux menstruel. L’émission du fluide séminal paraît se faire également par la force du souffle. Aussi est-elle accompagnée d’une sorte de retenue de la respiration. Les poissons ne respirant pas ne pourraient jeter leur semence, s’ils n’en avaient d’avance beaucoup en réserve, au lieu qu’elle se produise au moment de l’émission comme chez l’homme (Gen., I, 14).

Il n’est pas certain que les Insectes et les Mollusques aient du sperme (Gen., I, 32).

Tous les organes femelles des animaux sont confondus par Aristote sous la dénomination commune de « matrice ». La matrice est l’utérus des vivipares, l’ovaire des ovipares, et parfois aussi l’oviducte. La femme, la jument, les femelles des autres quadrupèdes vivipares, les poissons (= Téléostéens) ont la matrice ou les matrices en bas : pour ceux-là c’est l’utérus, pour les derniers ce sont les ovaires. Les oiseaux, les quadrupèdes ovipares, les poissons vivipares (= Sélaciens) ont au contraire la matrice ou les matrices très haut, près du diaphragme (Gen., I, 8 ; III, 3) : c’est ici l’ovaire simple ou double de ces animaux. Mais la place de la matrice est plutôt en bas qu’en haut. Elle est en haut et près du diaphragme quand il faut que la chaleur, dont le centre est au cœur, contribue à la formation d’une coque pour les œufs, comme chez la poule (Gen., I, 17). Les Mollusques et les Crustacés ont aussi à l’intérieur du corps les œufs

  1. Le traité De la Genèse revient en d’autres passages (IV, 90-94) sur l’érection et la propension au coït, qui sont expliqués la par diverses causes. L’auteur semble d’abord confondre la rigidité des parties femelles chez certains animaux, avec une sorte d’érection. « C’est parce que les juments ont les parties rigides, qu’elles supportent le coït pendant la gestation. Tous les animaux qui ont ainsi les tissus tendus sont enclins au coït. Pour la même raison l’Homme, chez qui les parties ne sont point ainsi naturellement tendues, peut rester longtemps en état de continence. De même encore les femmes très ardentes deviennent, quand elles ont eu beaucoup d’enfants, moins passionnées par une sorte d’épuisement du fluide séminal ( ?). Pour l’homme, l’abondance du fluide séminal est en rapport avec la richesse de la sécrétion pileuse, les hommes poilus sont plus portés au coït et plus riches en sperme (Gen., IV, 94). Aussi voit-on cette richesse encore exagérée chez le lièvre, comme l’indique son système pileux répandu jusque sous les pattes et à l’intérieur des joues, ce qui le distingue de tous les animaux. » Nous pourrions étendre encore ces citations qui sont peu conformes au génie propre et aux doctrines d’Aristote.