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testicule, comparé — nous l’avons dit à propos des eunuques — à la pierre que les tisserands emploient pour tendre leur chaîne. Le testicule n’a pas d’autre fonction que de tendre ce conduit qui est chez l’homme le cordon testiculaire. En bas il est sanguin (= vaisseaux du cordon ?), mais la partie supérieure (= canal déférent) est exsangue. C’est là que s’accumule la semence, rapidement émise dès qu’elle est arrivée dans cette région du conduit. Ce conduit, l’organe mâle essentiel, répond à celui qu’on trouve plein de laitance chez les poissons. Il résulte de là que pour Aristote ces derniers animaux n’ont point de testicules, et il en est de même des serpents (Des parties, IV, 13), dont le testicule allongé, fusiforme, n’est plus reconnu par notre philosophe. Il le retrouve au contraire chez tous les oiseaux et tous les quadrupèdes ovipares, mais profondément placé dans les lombes. D’une façon générale les testicules sont intérieurs chez les animaux dont la peau est trop rude pour se prêter à la formation de bourses qui les abritent ainsi l’éléphant et le hérisson (Gen., I, 22), les cétacés, les quadrupèdes écailleux (= reptiles) et les oiseaux toujours rangés parmi les animaux à peau dure à cause leurs plumes.

De même que les animaux à intestin rectiligne sont plus empressés à la nourriture[1], de même ceux qui n’ont pas de testicules ou qui les portent intérieurement ont un coït plus rapide. C’est le fait des oiseaux et aussi du hérisson qui a les testicules dans les aines. Et il les a précisément, parce que chez lui le coït doit se faire très vite, le mâle et la femelle se tenant dressés ventre ventre à cause des épines qui couvrent le dos de celle-ci. Les animaux d’ardeur plus mesurée ont un conduit séminal contourné, qui agit comme l’intestin contourné, et ralentit le mouvement de la semence. — La castration, en supprimant les testicules, provoque la rétraction des conduits et ceux-ci, dès lors, ne fonctionnent plus. Si un taureau a pu, dit-on, emplir une vache immédiatement après avoir été coupé, c’est que cette rétraction n’avait pas encore eu le temps de se produire[2].

Aristote sait aussi que certains oiseaux qui n’ont qu’une saison d’amours, présentent à cette époque des testicules beaucoup plus

  1. Il faut sans doute entendre ici « avalent plus gloutonnement », ce qui est le cas à peu près général de tous les ovipares, chez lesquels en même temps l’intestin est le plus souvent très court. On a vu ailleurs que les animaux qui mangent beaucoup sont au contraire les animaux à urine liquide, c’est-à-dire les quadrupèdes vivipares.
  2. Le fait, quoique très peu probable, n’est cependant pas irrationnel, parce que la castration n’enlève pas les voies séminales supérieures où peut se trouver accumulée une certaine quantité de liquide testiculaire.