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LACHELIER. — les lois psychologiques

ont pour objet les phénomènes qui se produisent dans une société développée, ne diffère pas essentiellement de la méthode des sciences historiques. Ces sciences pourtant ne sont pas toutes des sciences de faits ; quelques-unes d’entre elles, comme le droit et la morale, posent des principes régulateurs qui doivent commander aux faits. Mais ces principes sont empruntés à la psychologie, tout comme les éléments d’interprétation des faits historiques.

C’est la psychologie qui, par la méthode d’observation intérieure et les méthodes comparative et historique, découvre ces principes et les formule. C’est elle encore qui nous apprend de quelle manière ils peuvent être appliqués aux cas particuliers. Les sciences sociales de principes n’échappent donc pas plus que les sciences sociales de faits et les sciences historiques à l’empire de la psychologie, de telle façon que l’appellation la plus juste des sciences morales serait peut-être celle de sciences psychologiques (Geisteswis-senschaften).

V

conclusion.

Bien qu’il n’entre pas dans le plan de ce travail d’entreprendre une discussion approfondie du système de M. Wundt, nous ne pouvons terminer sans répondre à l’avance à quelques objection qui pourraient être adressées à ce système, et aussi sans faire une ou deux remarques critiques.

Le système de M. Wundt, si nous l’avons bien compris, est une sorte de compromis entre l’associationnisme et le kantisme. M. Wundt reconnaît l’importance capitale de la loi d’association, et il ramène à cette loi toutes les fonctions inférieures de l’esprit : d’un autre côté, il admet, comme les kantiens, un facteur à priori de la connaissance, une activité qui s’oppose à l’expérience sensible, et élabore les données de cette expérience. Nous ferons observer seulement que M. Wundt a fait des lois associatives une étude qui nous semble infiniment plus exacte que celle des psychologues anglais ; et que, d’autre part, il réduit le kantisme à sa plus simple expression, puisqu’il renonce à l’échafaudage, un peu artificiel, des catégories et conserve seulement l’idée féconde de la pensée-activité. Nous prévoyons sans peine le reproche qu’un psychologue de l’école associationniste ne manquera pas de faire à ce système, c’est que M. Wundt renonce