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LACHELIER. — les lois psychologiques

déterminisme absolu qui domine les phénomènes physiques. En somme la conclusion de toute la métaphysique psychologique de M. Wundt est l’indéterminisme de la pensée. Cet indéterminisme est-il conciliable avec l’existence de lois psychologiques ? Telle est la question qui se pose maintenant.

III

lois associatives et lois aperceptives.

Les phénomènes de conscience peuvent être étudiés à un double point de vue. Ou bien on les considère en tant qu’ils dépendent de l’organisme, et alors on fait de la psychophysique, ou bien en tant qu’ils relèvent de l’activité intellectuelle, et alors on se place à un point de vue proprement psychologique. Deux facteurs en effet concourent à la formation de tout phénomène psychique : les sens et le cerveau d’une part, la pensée de l’autre, et cette loi ne s’applique pas seulement aux fonctions supérieures de l’intelligence, mais encore aux fonctions inférieures. Aucun phénomène dans l’esprit n’est purement physiologique ou purement psychique. Il y a lieu de croire que la formation de la représentation la plus simple ne se fait pas sans l’intervention de notre activité.

L’association des représentations semble au premier abord être une fonction purement organique ; et pourtant, par l’attention, notre pensée peut modifier toutes les séries associatives et en former de nouvelles. Cette intervention de notre activité est limitée sans doute par les conditions organiques des représentations et de leur succession, mais elle est toujours possible. Seulement il reste vrai que le rôle de la pensée est plus ou moins important ; ainsi dans la production des phénomènes que l’on peut appeler psychophysiques, comme la reproduction, l’association des états de conscience, ce rôle est tout à fait secondaire ; il est prédominant, au contraire, dans l’abstraction, dans la généralisation et dans le jugement, dans la combinaison imaginative, etc.

Il suit de là que les phénomènes de l’esprit pourront être ramenés à deux sortes de lois. On étudiera les fonctions inférieures de l’esprit par la méthode psychophysique, et les lois auxquelles on les ramènera seront des lois analogues à celles des sciences physiques. Les fonctions supérieures de l’esprit seront étudiées par la méthode de comparaison et par la méthode historique, et ramenées à des lois