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paru à Leipzig l’hiver dernier. Ce volume est consacré à l’étude des méthodes. La première partie, intitulée : Allgemeine Methodenlehre, traite de la méthode en général. La seconde et la troisième partie traitent des méthodes des sciences mathématiques et des sciences physiques, la quatrième partie des méthodes de la psychologie et des sciences morales. Non seulement M. Wundt résume, dans cette dernière partie, tous les procédés de méthode dont peut user le psychologue, mais il s’attache à déterminer, plus exactement qu’il ne l’avait encore fait, la nature de la psychologie comme science ; il se pose l’importante et obscure question des lois psychologiques, et enfin il cherche les rapports de la psychologie avec les autres sciences qui ont pour objet l’homme, les sciences morales. On ne peut séparer en effet, dans une étude logique, la psychologie des sciences morales. La psychologie domine toutes ces sciences, comme la mécanique domine les sciences physiques ; de même que toutes les lois physiques sont des lois mécaniques, les lois des sciences morales sont des lois psychologiques ; et, d’un autre côté, l’étude de la méthode et de l’objet de ces sciences ne peut que jeter un jour nouveau sur la logique et la psychologie.

Il semble donc que tous les matériaux sont réunis aujourd’hui pour présenter un résumé général des vues de l’école de Leipzig sur l’objet de la psychologie et des sciences morales.

I

méthodes psychologiques.

Nous ne reviendrons pas sur la méthode psychophysique, que des articles très précis ont déjà fait connaître aux lecteurs de la Revue[1] ; rappelons seulement que cette méthode comprend tous les procédés d’expérimentation qui peuvent être appliqués aux phénomènes de conscience. Mais il ne faut pas croire qu’aux yeux de M. Wundt et de ses élèves, la méthode psychologique se réduise à l’expérimentation psychophysique. M. Wundt a de la psychologie une idée plus large que celle qu’on lui prête ordinairement. La psychologie est l’étude de tous les phénomènes conscients, soit qu’ils résultent de l’énergie des organes des sens et du cerveau, soit qu’ils procèdent de l’activité de notre pensée. Or, il s’en faut que tous les phénomènes de conscience se prêtent aux procédés d’analyse et de mesure qui constituent la méthode psychophysique. Cette méthode,

  1. Voir l’article de M. Seailles, numéro d’avril 1882.