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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Philosophische Monatshefte 1883 (1 et 2)

Adolf Harpf. Le principe de la connaissance chez Goethe.

Tous ceux qui se sont occupés de la philosophie de Goethe se sont demandé ce qu’il avait considéré comme le fondement de l’être. On a fait de lui tour à tour un spinoziste et un panthéiste, un leibniztien, un réaliste et un empiriste, un idéaliste et un platonicien. Il en est résulté que M. Caro, qui a consacré 361 pages à la philosophie de Goethe, a déclaré à plusieurs reprises que Goethe n’a pas eu à proprement parler une philosophie.

Ce n’est pas sur le fondement de l’être qu’il faut interroger Goethe. Son esprit était préoccupé avant tout de la réalité, et le principe qui est pour lui le fondement de la connaissance nous fournira le fil conducteur avec lequel nous pourrons nous reconnaître dans les diverses créations du poète.

Goethe est relativiste. C’est après avoir étudié la Critique du jugement de Kant que Goethe est arrivé à connaître clairement et à accepter expressément le principe de la relativité de la connaissance. C’est dans les Maximes en prose qu’il faut chercher les meilleurs renseignements sur la philosophie de Goethe qui est non un philosophe systématique, mais comme Platon, un penseur d’occasion et un artiste. On peut retrouver en outre le principe de la relativité de la connaissance dans ses travaux scientifiques et dans la méthode qu’il y a employée, dans ses poésies et surtout dans Faust et Wilhem Meister.

Dans la Maxime 717, Goethe déclare que nous ne connaissons le monde que dans son rapport avec nous-mêmes et que nous ne voulons d’autre art que celui qui est l’expression de ce rapport ; l’art est l’image, le savoir, l’expression immédiate du rapport de l’homme et du monde. Aussi est-ce à la partie subjective de l’expérience, négligée par les physiciens, que Goethe attribue le premier rang en optique. Les physiciens ne reconnaissent que des rapports d’objet à objet, Goethe cherche avant tout les rapports d’objet à sujet qui seuls constituent selon lui une connaissance valable.

La relativité et la réciprocité de l’objet et du sujet ne s’expriment que