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dans cette lettre. L’influence de Hobbes s’est manifestement exercée sur Spinoza dans l’intervalle qui s’étend de la composition de cette lettre à la publication du Theologico-politicus. Ce dernier ouvrage, commencé dès l’automne de 1665, lui a pris quelques années ; la troisième partie de la « Philosophie » n’était pas encore achevée et c’est seulement après avoir fini le Theologico-politicus qu’il a rédigé d’une manière définitive la troisième et la quatrième partie de l’Éthique en y introduisant les doctrines qui s’étaient montrées pour la première fois dans cet ouvrage.

La proposition 6 (P. III) introduit un concept nouveau dans la théorie, celui du conatus suo esse perseverandi, identifié avec la potentia  ; nous nous trouvons donc en présence d’une psychologie différente de celles que contiennent la deuxième partie et le traité : le désir, et non plus la pensée, est la fonction primordiale de l’esprit ; une philosophie intellectualiste est remplacée par une philosophie de la volonté que l’auteur s’efforce de reconstituer dans toute sa pureté, telle qu’elle devait se développer d’après les traces qu’elle a laissées dans l’Éthique et telle peut-être qu’elle se serait développée si Spinoza avait revu complètement son œuvre.