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J. Jacobson. Recherches philosophiques sur la Métagéométrie.

Kant avait dit que les rapports concernant l’espace qui contrediraient les axiomes d’Euclide ne pourraient jamais être représentés. Helmholtz a essayé de montrer que cette opinion de Kant était due à l’état des mathématiques et de la physiologie des sens à son époque. Jacobson trouve qu’il n’en est rien et que Helmholtz n’a apporté aucun argument mathématique ou physiologique qui nous oblige à renoncer à l’opinion de Kant, Il se propose d’examiner, dans un autre article, les principaux travaux sur la métagéométrie, pour établir que leurs auteurs n’ont pas été plus heureux que Helmholtz,

F.-J. Tönnies. Études sur l’histoire du développement de Spinoza (1er article). L’auteur avait déjà combattu comme inexacte (Viert. f. w. Ph. V. 202), l’opinion que chez Spinoza la pensée serait la fonction fondamentale de l’âme humaine. Il donne ici les résultats auxquels il a été conduit par un nouvel examen de l’Éthique et du Tractatus brevis (traduit par M. Janet sous le titre : Dieu, l’homme et la béatitude). Nous indiquerons brièvement quelques-unes des curieuses conjectures auxquelles il est arrivé.

La troisième définition de l’Éthique (part. I) et son explication nous montrent déjà clairement la pensée qui doit servir de point de départ à une théorie de la connaissance entièrement différente de celle du Traité. Dans ce dernier (éd. Van Vlot., Suppl., pp. 97. 159. 167) la connaissance est une pure passion et ce sont les objets qui agissent ; dans l’Éthique, l’Idée est une conception de l’esprit qui la forme lui-même conformément à sa nature d’être pensant. On voit aisément l’importance de ce changement lié au théorème capital de la métaphysique spinoziste.

Cette seconde partie de l’Éthique devait d’abord, dans la pensée de Spinoza, former avec la première un ouvrage indépendant dans lequel auraient été traitées toutes les questions de la métaphysique et leur application à la psychologie. Le dernier alinéa (II pr. 49) qui montre l’utilité de la doctrine, semble avoir été destiné à terminer un ouvrage complet. On trouve le résumé de cet ouvrage dans l’appendice placé à la suite du Traité, dont la première partie traite de la substance et la seconde de l’esprit humain. Le plan original de Spinoza était de traiter aussi dans la seconde partie de l’Éthique des affections et de la raison. Dans une lettre publiée pour la première fois par Van Vloten et adressée peut-être en 1665 au médecin Bresser, nous voyons que ses amis connaissaient déjà depuis un certain temps les deux premières parties de l’Éthique et qu’il était occupé à en composer une troisième qu’il leur avait promise ; pour ne pas les faire attendre, il veut même leur en donner une conclusion qui est sans doute la proposition 80 ( ?) ; ce qui prouve que la division était autre que celle de l’Éthique actuelle. Dans une autre lettre (opp. posth., lett. 36, p. 514) de la même année, il définit le juste et renvoie à l’Éthique. Trendelenburg, Sigwart, K. Fischer ont cru à tort qu’il s’agissait des propositions 34 à 37 de la quatrième partie ; car la conception de la justice est tout à fait différente dans l’Éthique et