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tée, pauvre en contenu mais riche par le nombre de ses rapports.

Les concepts à priori dérivent de même de la sensation. Dans le rapport primitif, la conscience de la cause et de la substance n’est pas encore séparée de la relation à quelque chose d’extérieur ; ce qui met le moi en mouvement est considéré comme cause ; ce qui s’oppose à lui comme étant en repos est considéré comme substance. Les concepts de cause et de substance n’ont de signification que par leurs rapports à cette conscience primitive de la cause et de la substance que nous trouvons dans la sensation.

Les concrets qui sont le fondement réel des concepts à priori sont donc les conditions qui rendent possible l’expérience. Mais la sensation n’est ni le moi, ni le non moi ; elle ne représente que le rapport de l’un et de l’autre : quelle est donc la part du monde extérieur dans le contenu de la sensation ? Les différentes sensations de nos sens se rencontrent, se suivent régulièrement, amènent des rapports communs : la main apparaît à la vue comme une chose extérieure, le toucher combine la représentation de l’intérieur et de l’extérieur, le sens musculaire et le sentiment de l’innervation se joignent l’un à l’autre. Ainsi se produit cette représentation totale, moitié matérielle, moitié spirituelle, que nous appelons le moi au sens large du mot et auquel nous opposons tout le reste sous le nom de monde extérieur. Mais le moi lui-même est représenté dans ce monde, les formes nécessaires à toute sensation qui ont été les formes concrètes nécessaires du rapport entre le monde et moi dans la sensation, paraissent être aussi les formes dans lesquelles se trouvent les choses en dehors de moi ; les liaisons causales et substantielles de l’espace et de temps ne sont donc pas arbitraires et illusoires. Sans doute nous n’arrivons jamais à une certitude absolue. Notre monde de l’expérience se construit comme une pyramide ; les rapports changent mais la base instituée par la sensation ou l’expérience pure acquiert toujours plus d’étendue et de fermeté, La sensation est donc le seul facteur que nous donne ia conscience pour empêcher que l’expérience, suspendue en l’air, ne devienne théoriquement un concept sans signification.

Th. Achelis. La morale du temps présent dans ses rapports à la science de la nature. Article intéressant dans lequel l’auteur, après avoir indiqué quels doivent être le point de départ et la méthode de la morale recherche l’influence qu’ont exercée de nos jours les sciences de la nature sur la conception de l’idéal moral.

Ribot. Les maladies de la mémoire. J. Seitz analyse longuement le travail de Ribot : On peut considérer, dit-il, cette monographie écrite avec clarté et élégance, comme un exemple remarquable de la manière dont il convient d’aborder les problèmes qui intéressent à la fois les médecins et les philosophes, pour les traiter avec fruit par une méthode qui réunit les avantages de la recherche philosophique et de la recherche médicale.