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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Vierteljahrsschrift für wissenschaftliche Philosophie.
1883, 1 et 2.

E. Laas. Aphorismes sur l’État et l’Église. — L’auteur se propose de rechercher comment il convient de déterminer les attributions de l’État et de l’Église pour les amener à rendre le plus de services possible à la civilisation et pour empêcher tout conflit entre eux.

Ils se distinguent l’un et l’autre des autres puissances sociales, de la coutume et de l’opinion publique en ce qu’ils constituent un organisme ou un système. Le mot d’Église s’applique à toute organisation qui comprend des prêtres, des prophètes, des défenseurs et des éducateurs. C’est par accident seulement que l’Église se trouve unie à l’État, car les principes sur lesquels reposent l’un et l’autre sont diamétralement opposés. On a de nos jours cherché à diminuer l’importance de l’État, on a voulu ne lui laisser que le soin de conserver les droits de ses membres pris individuellement ou par groupes associés, et de les défendre contre les attaques du dehors. Mais quel sera le principe fondamental d’un tel État si tout mécanisme humain doit, pour économiser le temps et la force, être employé partout où il peut donner des résultats utiles ? Il convient donc d’appliquer le mécanisme de l’État à tout ce qu’il peut produire sans sortir de son rôle essentiel, tout en évitant soigneusement de le faire intervenir dans les choses pour lesquelles il n’a pas été fait.

On peut, pour limiter le domaine de l’État et de l’Église, invoquer la distinction des actions et des sentiments, de l’extérieur et de l’intérieur, établie par Kant entre la morale et le droit. L’État fait appel à la contrainte, au châtiment, il a une hiérarchie de fonctionnaires payés au moyen de taxes, pour réglementer les actes de ses membres : l’Église, pour agir sur les sentiments, sur les opinions qui reposent sur la science comme sur les opinions purement religieuses, donne des raisons, instruit, éveille le sentiment du devoir ; ses fonctionnaires sont des clercs, des éducateurs, des professeurs dont l’honneur est le mobile principal, et qui doivent tirer l’argent nécessaire à leur entretien, non de taxes, mais de fondations et de libres contributions. Le but de l’État comme de l’Église est d’augmenter le plaisir et de diminuer la douleur, mais l’État cherche à rendre bons les actes, l’Église, à améliorer les caractères. Dans le domaine des idées, l’Église est supérieure à