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ANALYSES.götte et weismann. La vie et la mort.

c’est une conséquence naturelle et nécessaire de la propagation.

La nouvelle brochure de Weismann est une réponse à celle de Götte.

La définition de la mort donnée par ce dernier, est un leurre, dit Weismann, elle renferme le défini. Il a tort de considérer comme une circonstance accessoire le point de savoir si les cellules peuvent encore vivre ou non après la mort de l’ensemble. Est mort tout ce qui ne peut revivre, peu importe que la mort des éléments arrive un peu plus tôt ou un peu plus tard. Mort et cadavre sont deux idées corrélatives. Or il n’y a pas de cadavre dans la multiplication par division. L’enkystement n’est pas suppression de vie, et rajeunissement est un terme mystique. Si ce terme est de mise, c’est évidemment dans la « conjugaison » où, par la combinaison d’un élément mâle et d’un élément femelle, il se produit un véritable renouvellement de puissance. Le kyste est un germe, c’est-à-dire une masse organique non encore organisée ; il deviendra un individu tout formé, et il s’est enveloppé d’une écorce pour s’accommoder au défaut d’espace ou pour se protéger ; sa vie active est réduite à un minimum, ou même s’est suspendue (refroidissement, dessèchement), mais elle n’est pas éteinte. Quelle différence entre cet état et la véritable mort produite, par exemple, par un acide ou la cuisson ! Par conséquent pour les monoplastides il ne peut être question de mort naturelle.

Götte a tort d’ailleurs de faire de l’enkystement un phénomène essentiel de la multiplication. C’est un phénomène tout à fait secondaire, qui même est loin d’être général, et qui n’a rien à voir avec la multiplication. Les métazoaires supérieurs sont sujets à ce que l’on appelle la mort. Mais il faut distinguer en eux la moitié mortelle et la moitié immortelle. La partie somatique seule est mortelle ; l’autre est immortelle en puissance, ou à parler plus exactement, elle a la faculté de s’entourer d’un nouveau corps. On ne peut donc appeler mort, la séparation des homoplastides, puisque dans ces organismes toute cellule est propagatrice. Et puis quelle métaphore de voir mort là où il y a au contraire multiplication de vie !

Götte est dans le vrai lorsqu’il voit un phénomène de mort dans le déchirement de l’ectoderme des orthonectides, et peut-être ici avons-nous le premier exemple de mort naturelle. Mais Götte ne se trompe-t-il pas en voyant là non une concomitance, mais une cause nécessaire ? Götte fait abstraction du mésoderme, c’est-à-dire de la couche musculaire, On ne voit pas bien pourquoi le mésoderme et l’ectoderme périssent parce que les germes s’en échappent.

Pourquoi donc l’orthonectide meurt-elle ? La réponse est simple, parce-que son temps est venu ; parce que son corps était ainsi fait qu’il devait se dissoudre après la dispersion des germes, même en ayant de la nourriture à sa disposition.

Mais, en supposant que, chez les orthonectides, la mort soit la conséquence nécessaire de la production des germes, de quel droit Götte étend-il cette conséquence à toutes les polyplastides ? Chez la plupart