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ANALYSES.fouillée. Systèmes de morale.

main les œuvres de Schelling. Il est à regretter que M. Ducros, qui a longtemps vécu à Strasbourg, qui a fait en Alsace des conférences littéraires et philosophiques et qui connaît très bien l’allemand, n’ait pas cru devoir se livrer à une étude attentive des textes. Il y eût trouvé à coup sûr des indications plus précises et par cela même plus intéressantes pour les lecteurs français. On se demande enfin pourquoi, annonçant une histoire des transformations de la chose en soi de Kant à Schopenhauer, il n’a pas dit un mot de Hegel que MM. Foucher de Careil et Hartmann avaient cru cependant pouvoir rapprocher de Schopenhauer. Nous souhaiterions que l’auteur revint sur toutes ces questions dans le livre qu’il annonce à propos de l’Essai de Schopenhauer sur Kant ; en précisant et en complétant son ouvrage, il pourrait en faire une œuvre qui s’imposerait à l’attention de tous ceux qui voudraient par la suite faire une étude complète de la philosophie de Schopenhauer.

F. Picavet.

Fouillée. Critique des systèmes de morale contemporains (fin)[1].

IV. Ici commence, ce semble, en sa partie positive, la théorie personnelle de M. Fouillée sur le fondement suprême de la moralité. Ébauchée dans son Idée moderne du droit, elle reçoit, dans la préface et surtout dans la conclusion de ce livre, des développements qui en manifestent les tendances essentielles. Et cependant, nous ne sommes pas bien sûrs de saisir exactement les rapports de ses différentes parties et de l’embrasser tout entière dans sa véritable unité. M. Fouillée nous fait espérer qu’il donnera un jour au public philosophique une complète exposition de sa doctrine. « Il resterait à construire, dit-il, après avoir ainsi critiqué par doute méthodique ; il resterait à entreprendre le triage des matériaux périssables et de ceux qui semblent dignes de subsister dans la morale future, à les disposer dans l’ordre le plus rationnel et à en faire la synthèse, à y ajouter enfin, s’il est possible, des éléments nouveaux de solution. Nous espérons aborder un jour ce difficile travail, qui serait comme la seconde partie, plus positive que la première, des bases de la moralité. » Ce jour-là M. Fouillée donnera à la philosophie française un œuvre digne d’être opposée à l’œuvre récente de M. Herbert Spencer, Data of Ethics. Avant que le philosophe anglais eût publié son livre, il avait pu en reconnaître les doctrines devinées et résumées d’avance dans le livre d’un jeune philosophe français, l’auteur de la Morale anglaise contemporaine. Nous qui essayons ici de déterminer d’après les déclarations mêmes de M. Fouillée les thèses fondamentales de sa doctrine, nous serions du moins heureux si les erreurs et les lacunes de cette exposition anticipée pouvaient

  1. Voir le numéro précédent.