Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 17.djvu/664

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
660
revue philosophique

de l’animal est petit et son intelligence est petite ; le cerveau de l’homme est grand et son intelligence est grande. Voilà toute la différence » (p. 409-410). On peut généraliser cette réflexion et l’appliquer à toutes les manifestations de la pensée : celle-ci, chez tous les êtres, est fondamentalement la même ; elle ne comporte que des différence de degré. De là la nécessité en psychologie des études de physiologie comparée qui nous présentent le développement des faits psychiques ; de là celle des études de pathologie nerveuse et mentale, c’est-à-dire encore de physiologie cérébrale, qui nous fournissent des analyses psychologiques toutes faites. — Telles sont les principales idées directrices du livre de M. Ch. Richet,

Eugène Gley.

L. Ducros. — Schopenhauer, les origines de sa métaphysique ou les Transformations de la chose en soi de Kant à Schopenhauer. Germer Baillière, 1883.

L’auteur s’est proposé de rechercher les origines de la métaphysique de Schopenhauer qui peut se résumer dans ces deux propositions : il y a une chose en soi et cette chose en soi s’appelle la volonté. Il croit avoir trouvé l’une et l’autre dans les philosophies de Kant, de Fichte, de Schelling, et il essaye de faire, pour déterminer l’originalité de la métaphysique de Schopenhauer, une histoire de la chose en soi ou plus exactement de la volonté en soi de Kant à Schopenhauer.

L’ouvrage comprend deux parties : la première est consacrée à l’exposition de la métaphysique de Schopenhauer ; la seconde traite des origines de cette philosophie ; l’auteur y passe successivement en revue Kant, Fichte et Schelling, en se demandant ce que Schopenhauer doit à chacun d’eux ; puis il donne ses conclusions sur la métaphysique de Schopenhauer.

L’exposition est surtout, nous dit M. Ducros, un résumé, aussi fidèle que possible, du grand ouvrage de Schopenhauer, le Monde comme volonté et comme représentation.

I. La seconde partie de l’ouvrage est consacrée à établir que Kant, Fichte et Schelling ont admis sans le savoir et en voulant l’exclure, la chose en soi, et que cette chose en soi a été pour eux la volonté.

Schopenhauer se présente lui-même comme le successeur immédiat de Kant. Il aurait seul compris, corrigé et complété la doctrine du maître dont il recommande la lecture et qu’il a d’ailleurs contribué à remettre en honneur, Or la chose en soi et la volonté prépondérante de Schopenhauer ne sont que le noumène de la Raison pure et le primat de la volonté de la Raison pratique. L’originalité de Kant n’est pas, comme le dit Schopenhauer, d’avoir distingué le phénomène de la chose en soi, mais d’avoir réconcilié le phénoménalisme et le rationalisme. Schopenhauer