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MANOUVRIER. — la fonction psycho-motrice

la quantité de travail que les muscles peuvent fournir, soit à un moment donné, soit dans un laps de temps donné, semble plutôt augmentés, relativement à leur volume, dans les races les plus intelligentes. Le fait est que, d’après les observations que nous avons faites sur différents groupes de sauvages exhibés au Jardin zoologique et d’après celles de divers voyageurs, la pression de la main, mesurée au dynamomètre, a toujours été moins grande que chez les Parisiens ne se livrant à aucun travail manuel. Nous attribuerions volontiers ce fait à ce que le cerveau distribue des courants nerveux de préférence aux organes qui servent le plus directement l’intelligence et qu’il anime ces organes en raison directe de l’usage expressif qui en est fait, cœteris paribus. Toutefois le fait que nous expliquons ici a besoin d’être établi sur des observations plus nombreuses.

En définitive, pour caractériser, au point de vue de l’anatomie et de la physiologie philosophiques, le rôle de ta fonction motrice du cerveau envisagée dans la série animale, nous dirions : que le perfectionnement anatomique et physiologique du système nerveux consiste dans la centralisation de plus en plus grande des courants nerveux produits dans tout l’organisme, en vue de l’utilisation plus économique et plus intelligente de la force nerveuse. Au sommet de la série, occupé par l’homme, nous trouvons l’âme cérébrale à son maximum de développement, ainsi que le plus haut degré de subordination du reste de l’organisme à l’organe de la pensée.

VII

Les physiologistes ne sont pas tous d’accord, tant s’en faut, au sujet de la fonction motrice du cerveau. Tous admettent bien qu’il existe une certaine relation entre le cerveau et les mouvements des organes ; mais on ne s’entend guère sur le mécanisme de cette relation. Maintenant que nous avons exposé la signification philosophique et physiologique de la fonction motrice du cerveau et que nous avons montré comment cette fonction peut être rattachée à la fonction psychique et au perfectionnement zoologique, il nous reste à examiner la question au point de vue purement technique. Nous étudierons ce sujet d’une manière très générale.

L’action réflexe est observée dans tous les centres nerveux. L’analogie et l’expérimentation permettent de conclure qu’elle existe également dans les centres cérébraux. Or cette action peut être décomposée comme il suit : Arrivée des courants dans le centre nerveux ; chemi-