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DES TROUBLES DE L’USAGE DES SIGNES




Toute sensation ou tout mouvement qui rappelle un objet ou une idée constitue un signe. Le toucher qui nous donne des notions de forme, d’étendue, de consistance, de température, etc., nous fournit les renseignements les plus précis sur les propriétés du corps ; mais sauf dans des conditions exceptionnelles, et chez les aveugles, il n’est guère utilisé pour la perception des signes. Le goût et l’odorat ne fournissent que des sensations plus simples et moins nettes, et chez les peuples civilisés au moins, ils sont encore moins souvent mis en usage.

L’ouïe et la vue au contraire nous sont particulièrement précieux : ce sont ces deux sens, en effet, qui, développés par l’éducation, nous permettent surtout de percevoir à distance les qualités des objets extérieurs, et en particulier les mouvements et les bruits naturels ou conventionnels par lesquels les hommes communiquent entre eux. Ce sont donc ces deux sens qui sont les principaux organes de perception des signes passifs.

Quant aux signes actifs ils sont fournis par la mise en jeu d’un grand nombre de groupes musculaires synergiques.

Le mouvement expressif le plus simple est le mouvement réflexe déterminé par une excitation sensitive ou sensorielle. Lorsque vous pincez la patte d’une grenouille dont la moelle a été coupée, la patte se rétracte, c’est un signe de douleur : de ces actions réflexes combinées résultent des mouvements expressifs plus compliqués, mais dont on peut toujours se rendre compte par les lois de la physiologie.

Une excitation quelle qu’elle soit provoque une sensation agréable ou désagréable, qui détermine des mouvements réflexes exprimant soit la satisfaction ou le désir, soit la douleur ou la répulsion. Peu à peu, en raison du principe de l’association des habitudes utiles, ces mouvements expressifs, primitivement provoqués seulement par des excitations matérielles physiques, se produisent à propos de signes perçus par l’un quelconque des organes des sens, et qui rappellent l’objet qui a déterminé une première fois le réflexe. Telle est