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la masse pesante est immobile au terme de sa course, on découvre que toutes les diminutions ou tous les accroissements que la force reçoit sous l’une de ces deux formes sont exactement compensés par les accroissements ou les diminutions qu’elle reçoit en même temps sous l’autre forme ; partant que la somme de la force disponible et de la force en exercice, en d’autres termes, l’énergie, comme on l’appelle aujourd’hui, est dans la nature une quantité constante. On saisit là quelque chose d’éternel : le fond immuable des êtres est atteint ; on a touché la substance permanente. Nous ne la touchons que du doigt, mais il n’est pas défendu d’espérer qu’un jour nous pourrons étendre la main et, dès à présent, ce semble, nous pourrions l’étendre ». Cette loi, en effet, suppose deux conditions : d’abord que dans les derniers éléments mobiles il y ait une ou plusieurs forces capables de devenir disponibles « qui croissent à mesure que leur opposition fait décroître la force en exercice et qui la représentent tout entière sous forme de recette, après qu’elle a disparu sous forme de dépense, » — ensuite il faut qu’il y ait dans la nature des derniers éléments mobiles quelque particularité qui empêche l’équilibre universel et final de s’établir, c’est-à-dire toute la force en exercice de se transformer en force disponible. « À cette loi se rattacheraient toutes les autres, soit comme conditions préalables, soit comme conséquences ultérieures, et ce but serait la persistance de l’énergie à travers la rénovation des effets. »

M. Taine reproduit dans cette nouvelle édition la liste des recherches bien nombreuses qui restent à faire pour la constitution d’une psychologie scientifique. Il reconnaît (et sur ce point il a donné l’exemple) que l’étude de la formation du langage chez les enfants a fourni de bonnes monographies. « Le somnambulisme et l’hypnotisme, dit-il (p. 15), sont aussi des carrières qu’on est loin d’avoir épuisées » ; mais lorsqu’il ajoute « qu’elles sont en discrédit et qu’elles attendent encore que des expérimentateurs attitrés et doués de l’esprit critiqué veuillent bien les fouiller », il nous paraît oublier les recherches faites chez nous (pour ne pas parler des autres pays) dans ces dernières années. Les travaux de M. Charcot et de l’école de la Salpêtrière sur l’hypnotisme, la catalepsie, leurs diverses formes chez les hystériques, les trois articles si remarqués sur le somnambulisme provoqué, publiés ici par M. Ch. Richet, d’autres que j’omets et dont la liste serait assez nombreuse, montrent que cette étude est entrée dans une période scientifique et critique. Nous croyons, comme lui, qu’on en peut beaucoup attendre pour la psychologie expérimentale..


Louis Philbert. — Le rire, Essai littéraire, moral et psychologique. In-8o, 497 p. Germer Baillière et Cie. Deuxième édition, 1883.

L’auteur a donné lui-même (p. 51) le véritable titre de son livre, « De l’esprit, du comique, du rire ». Quinze pages à peine sont explicitement consacrées au rire (pp. 441-455). Il est vrai qu’il en est question sans cesse, incidemment et comme en passant. La théorie de M. Philbert