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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES


H. Taine, De l’intelligence (4e édition), 2 vol.  in 18. Paris, Hachette et Cie, 1883.

Nous avons déjà signalé les additions faites à la troisième édition de cet ouvrage qui a paru en 1878[1] ; dans celle-ci elles sont moins nombreuses. Comme on le sait, ce livre est à la fois une psychologie de l’intelligence et une théorie de la connaissance. Dans son étude sur les idées générales, les principes généraux et le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses, qui forme la dernière partie, l’auteur dépasse la psychologie purement descriptive pour discuter l’axiome de raison explicative « dont l’axiome de causalité n’est qu’une suite et une application ». C’est en réalité, sous une forme expérimentale, cette Erkenninisstheorie qui, sous une forme abstraite, a défrayé en Allemagne tant de traités depuis Kant, Les principales additions se trouvent dans cette partie de la nouvelle édition (pages 364, 376, 457). Notons particulièrement le paragraphe VIII de l’avant-dernier chapitre, où l’auteur examine les différences possibles entre l’espace géométrique et l’espace physique, en marquant la position de sa doctrine par rapport aux récentes théories sur la géométrie imaginaire et l’espace à dimensions.

Dès son premier ouvrage sur Les philosophes français du xixe siècle, M. Taine nous montrait, au sommet des choses, l’axiome éternel dont le retentissement prolongé compose l’immensité ide l’univers. Il revient sur ce point dans la préface de cette quatrième édition (p. 10). Pour lui « très probablement la nouvelle loi mécanique sur la conservation de l’énergie est une dérivée peu distante de cette loi suprême, car elle pose que tout effet engendre son équivalent, c’est-à-dire un autre effet capable de reproduire le premier sans addition ni perte… Ainsi quand une force disparaît, elle est remplacée par une force égale. Plus précisément encore, si l’on considère la force en général et dans ses deux états, le premier dans lequel elle est en exercice et se dépense, par exemple lorsqu’elle fait remonter une masse pesante ; le second dans lequel elle reste disponible et ne se dépense pas, par exemple, lorsque

  1. Mars 1879, tome VII, p. 324. Pour une étude d’ensemble sur l’ouvrage, voir Revue philosophique (juillet 1877), tome IV, p. 17, sq.