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MANOUVRIER. — la fonction psycho-motrice

sions, associations, coordinations, volitions médullaires, c’est qu’elles ne peuvent être accompagnées de conscience. La conscience, c’est cette propriété spéciale des cellules cérébrales, et peut être seulement de certaines de ces cellules, en vertu de laquelle nous donnons aux mêmes ordres de phénomènes, dans le cerveau, les noms de sensation, d’idéation, de mémoire, d’imagination, de volonté.

La conscience exige, pour se produire, une interruption dans les courants afférents, une certaine nouveauté, un certain effort en quelque sorte, car elle s’émousse par l’habitude, disparaît par la continuité des impressions : sa production implique un changement d’état. C’est pourquoi les courants nerveux d’origine viscérale apportant sans cesse des impressions à peu près identiques, cessent d’éveiller la conscience, c’est-à-dire cessent de constituer des sensations, à moins d’irrégularité physiologique ou d’altération pathologique. — La conscience se produit d’une façon plus ou moins nette sous l’influence de courants centripètes moins incessants et moins habituels que ceux dont l’origine est dans les viscères. Enfin la conscience est nette et très vive lorsqu’elle est mise en jeu par des courants centripètes inaccoutumés ou ne se succédant qu’à de longs intervalles.

Passons sur tous les phénomènes psychiques intermédiaires entre l’impression primitive produite par un courant centripète et l’émission d’un courant centrifuge : transformation des sensations en idées, associations et combinaisons d’idées, coordinations plus ou moins complexes, tous phénomènes qui ne différent, nous le répétons, de ceux qui se passent dans les centres bulbo-protubérantiels, par exemple, que par une complexité très supérieure et l’intervention de ce phénomène absolument spécial au cerveau, la conscience. Étudions ce qui se passe consécutivement à cette sorte d’éclair nerveux qui vient de sillonner les couches grises formées des myriades de cellules cérébrales.

La tension nerveuse doit se trouver augmentée en un ou plusieurs points et un courant centrifuge doit tendre à se produire par une ou plusieurs des fibres efférentes que nous savons émerger de la substance grise. Nous sommes ici sur le terrain de cette faculté dépositrice du prétendu libre arbitre, de cette troisième personne de la trinité métaphysique composant l’âme humaine, de la volonté au sens classique. Il s’agit de savoir quels phénomènes intra-cérébraux elle personnifiait.

Si l’on met à part la volonté à longue échéance qui n’est autre chose qu’un projet, une représentation d’actes ou de faits désirés, il