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mains que l’homme a pu accroître d’une façon si admirable ses moyens de locomotion, créer des instruments qui augmentent le pouvoir, le nombre même de ses sens, et qui agrandissent infiniment le champ de sa connaissance.

Si l’on envisage l’ensemble des organes de l’expression soit mimique, soit orale, soit écrite, quelle énorme influence ne doit-on pas attribuer à ces organes sur les progrès de l’esprit humain ? Et quel rôle capital ne doit-on pas reconnaître à l’action contrifuge du cerveau pensant sur de tels organes, puisque c’est grâce à cette action que l’intelligence se multiplie en quelque sorte par elle-même en multipliant les causes de ses premiers accroissements ? Comment enfin pourrait-on méconnaître l’existence d’une fonction cérébrale qui est le complément si manifeste de la fonction intellectuelle ?

V

Étant donné que le cerveau reçoit plus ou moins indirectement des courants nerveux apportés, tant par les nerfs sensitifs provenant des divers organes actifs du corps que par les nerfs sensitifs provenant des organes des sens en communication avec les phénomènes extérieurs, que deviennent ces courants ?

lis aboutissent aux cellules grises corticales. Là se produisent, comme dans tout appareil constitué d’une façon spéciale, des phénomènes spéciaux. Ou plutôt, ces phénomènes ne sont autres que ceux qui se produisent dans les centres nerveux inférieurs ; ils sont beaucoup plus compliqués, mais n’en diffèrent pas aussi radicalement qu’on le croit, en ce qu’ils ont de fondamental. Il doit y avoir, pour les actes cérébraux, une évolution dont les stades inférieurs seraient représentés par ce qui se passe actuellement dans les centres médullaires. Ici les courants nerveux afférents produisent des impressions auxquelles succèdent des courants centrifuges : mais ils peuvent, auparavant, gagner en partie des centres supérieurs ; ils peuvent former des associations, subir des coordinations d’où résultent des mouvements plus ou moins complexes. Ces modifications des centres nerveux inférieurs, comparées à celles qui ont lieu dans le cerveau, sont extrêmement simples et relativement faciles à suivre. Mais ce qui distingue surtout les impres-