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nerfs beaucoup plus gros que ceux des membres inférieurs. Mais le détail graphique dont il s’agit est destiné surtout à indiquer la variété des sensations dont les différents organes sont la source, variété qui semble être en relation avec la grosseur relative des nerfs centripètes.

En ce qui concerne la grosseur des traits noirs représentant la moelle conductrice centripète, elle croit de bas en haut parce qu’en effet le diamètre de la moelle croit ainsi en vertu des nouveaux apports que l’axe spinal reçoit successivement. Ce n’est pas que le volume de cet axe s’augmente de celui de tous les nerfs afférents. S’il en était ainsi, le diamètre de la moelle épinière croîtrait sans interruption depuis le sacrum jusqu’au crâne, tandis qu’il présente au contraire une série de renflements et qu’il est moindre au niveau de l’atlas qu’au niveau des vertèbres cervicales moyennes.

Ce fait est dû, en partie, à ce que les faisceaux nerveux centripètes diminuent de volume chaque fois qu’ils traversent un centre. Un nerf du sympathique, possédant trois tubes nerveux à son entrée dans un ganglion, n’en possède plus que deux à sa sortie (Ch. Robin) ; un nerf sensitif est plus gros à son entrée dans un glanglion spinal qu’à son entrée dans la moelle ; enfin la moelle offre un diamètre coup moins considérable que la somme des diamètres des nerfs qu’elle a reçus, ce qui n’empêche pas qu’en définitive son volume s’accroît d’autant plus que le nombre des nerfs, qui sont venus s’épuiser partiellement en elle, pour ainsi dire, est plus considérable, c’est-à-dire à mesure que l’on considère des points plus rapprochés du cerveau.

Si les nerfs diminuent de volume chaque fois qu’ils pénètrent dans un centre nerveux, ce peut être parce qu’une partie du courant afférent à ce centre est immédiatement réfléchie, c’est-à-dire transformée en, courant centrifuge, le reste du courant afférent gagnant seul les centres supérieurs et se trouvant d’autant plus réduit qu’il a traversé un plus grand nombre de centres inférieurs. Ceux-ci peuvent être en effet multiples, ainsi qu’on le voit pour les nerfs du grand sympathique, tandis que les nerfs des organes des sens spéciaux arrivent directement a l’encéphale. Ce sont évidemment ces derniers nerfs et en particulier les nerfs optique et auditif qui apportent au cerveau les sensations les plus nombreuses et les plus nettes. Ce sont les nerfs du sympathique dont l’apport est le moins considérable quantitativement et qualitativement.

Or si les courants nerveux fournis aux différents organes par le cerveau sont en relation de fréquence et d’intensité avec les courants centripètes fournis par ces organes, ce que la nature des rapports