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Il en est de même des mouvements qui succèdent à l’excitation des nerfs afférents au bulbe et à la protubérance. Grâce aux recherches anatomiques sur les connexions et la structure de ces centres nerveux (Mathias Duval et Sappey), à l’expérimentation (Vulpian, Carpenter, Philippeaux), à l’observation clinique et à anatomie pathologique de la paralysie glosso-labio-laryngée (Trousseau), là physiologie de la région bulbo-protubérantielle est aujourd’hui assez bien connue. Les noyaux gris de cette région président à la plupart des mouvements d’expression, mais, en l’absence des hémisphères cérébraux, ces mouvements sont involontaires aussi bien que ceux dont les centres incitateurs sont situés dans le canal rachidien.

II

On sait que la qualification de réflexes est appliquée communément à tous les mouvements produits à la suite de la mise en activité d’un centre nerveux quelconque et non pas seulement aux mouvements involontaires produits en l’absence du cerveau ou sans son intervention. On distingue toutefois des mouvements réflexes plus ou moins compliqués, suivant le nombre des parties nerveuses qui entrent en jeu dans leur production.

Chaque organe est en relation directe avec un centre nerveux spécial et indirectement avec d’autres centres nerveux plus élevés. C’est ainsi que le cœur est en relation : 1o avec des ganglions viscéraux ; 2o avec la moelle épinière, par l’intermédiaire du grand sympathique ; 3o avec le bulbe, par le pneumogastrique ; 4o enfin avec le cerveau, si l’on en juge d’après l’influence des émotions sur les mouvements de ce dernier organe. Chacun de ces centres exerce son action sur le cœur de telle sorte que l’action d’un centre inférieur peut être renforcée ou modérée par celle d’un centre supérieur.

Autre exemple : la salivation est soumise à l’influence d’un premier centre, le ganglion sous-maxillaire (CI. Bernard), sinon expérimentalement (Schiff), du moins physiologiquement. Un second centre nerveux préside à la salivation, c’est la moelle allongée, par l’intermédiaire de la corde du tympan et d’autres filets du nerf facial. Enfin le cerveau peut agir sur les glandes salivaires puisque la vue d’un mets favori peut faire venir l’eau à la bouche. On pourrait objecter ici que l’arc réflexe a pour centre non pas la couche corticale des hémisphères, mais les tubercules quadrijumeaux. La preuve qu’il s’agit bien du cerveau pensant, c’est que l’idée seule