Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 17.djvu/513

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
509
MANOUVRIER. — la fonction psycho-motrice

sante et les organes des sens, soit internes, soit externes, ou bien des centres dont l’activité ne s’accompagne pas de conscience. Passons rapidement en revue les fonctions de ces différents centres.

Les couches optiques, immédiatement sous-jacentes aux hémisphères cérébraux, ont été considérées par divers auteurs et notamment par M. E. Fournié, comme des centres de perception. Mais les expériences de cet auteur fussent-elles irréprochables, ne sauraient prouver que les couches optiques sont le siège des sensations abolies par leur destruction. La perte de ces sensations, en effet, aurait tout aussi bien lieu si les centres dont il s’agit étaient simplement un lieu de passage ou d’élaboration pour les courants nerveux qui vont donner lieu plus haut à des phénomènes de sensibilité. Il a été démontré d’ailleurs que la destruction des couches optiques ne peut être opérée sans dommage pour les faisceaux blancs voisins (capsule opto-striée) que l’on sait être précisément des voies de transmission au cerveau pour les impressions sensitives. — D’après Meynert et Wundt, les couches optiques ne seraient pas le siège de véritables sensations et les mouvements réflexes dont elles sont les centres seraient inconscients. Cette opinion est d’accord avec celle de M. Luys. D’après cet auteur, les impressions sensorielles, après avoir subi diverses modifications préliminaires dans la série de ganglions traversée par les nerfs sensitifs, viendraient se concentrer dans les noyaux gris des couches optiques d’où elles subissent de nouvelles modifications qui les rendent « plus assimilables pour les éléments de la substance corticale où elles vont se répartir. »

Pour ce qui est des fonctions des corps striés il n’y a pas de doute à leur égard. Les corps striés président aux mouvements volontaires, mais ce n’est pas en eux que prend naissance l’incitation psycho-motrice en vertu de laquelle les mouvements sont volontaires, car ces centres inférieurs reçoivent des conducteurs centrifuges venus de la couche corticale et dont l’excitation artificielle, au sortir de cette couche, provoque des mouvements dans les membres et d’autres parties du corps.

Les tubercules quadrijumeaux sont des centres de perceptions visuelles, car ils sont en rapport avec les nerfs optiques et, en l’absence des hémisphères cérébraux, l’animal qui a conservé ses tubercules quadrijumeaux suit des yeux et de la tête les mouvements d’une bougie allumée. Mais il voit sans regarder et ne tire point profit, intellectuellement, des sensations lumineuses imparfaites qu’il a reçues. Les mouvements des yeux et de la tête qu’il exécute sont de l’ordre des réflexes inconscients.