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MANOUVRIER. — la fonction psycho-motrice

dessus de tous les animaux sans exception, non par le poids absolu ni par le poids relatif de son cerveau, mais par l’excès de substance cérébrale qu’il possède, déduction faite de l’influence exercée sur la quantité de cette substance par la masse du corps[1].

On a donc de bonnes raisons pour croire que c’est le cerveau qui est le siège des opérations intellectuelles. On est même autorisé à penser que, dans le cerveau, c’est la substance grise formant la surface des circonvolutions cérébrales, dont l’activité propre à pour résultats les phénomènes de conscience. On sait en effet que dans le système nerveux, la substance blanche est constituée seulement par des cordons conducteurs de l’action nerveuse. Ces cordons semblent pourtant jouer aussi le rôle de multiplicateurs du courant qu’ils conduisent, d’après certaines expériences dont nous ne pouvons rendre compte ici. Mais l’expérimentation démontre que, dans toute l’étendue du système nerveux, ce sont des amas de substance grise qui sont les récepteurs de tous les courants centripètes et le point de départ des courants centrifuges.

Le plus considérable de ces amas de substance grise est celui qui constitue la portion périphérique des hémisphères cérébraux et c’est en lui seulement que se produisent les phénomènes de conscience sous forme de sensations, d’idées, etc. C’est aussi cette partie du cerveau qui est le siège des principales altérations dans les maladies qui entraînent graduellement la perte de l’intelligence. C’est elle qui fait le plus défaut chez les idiots. Et Pourtant ce n’est pas chez l’homme que la couche corticale des hémisphères cérébraux atteint son maximum de développement quantitatif soit absolu, soit proportionnel. Mais nous pouvons répéter ce que nous avons dit plus haut à propos de la masse encéphalique totale et dire que l’homme est supérieur à tous les animaux sans exception par l’excès absolu de substance grise cérébrale qu’il possède, déduction faite de l’influence exercée par la masse du corps sur la quantité de cette substance. Pourquoi cette influence de la masse du corps sur la partie essentiellement intelligente du cerveau. C’est là précisément l’un des points importants de notre étude ainsi qu’on le verra plus loin.

Il faut ajouter ici que certaines expériences sembleraient au premier abord démontrer que la substance grise périphérique du cerveau ne joue pas, au contraire, un rôle bien nécessaire dans le fonctionnement psychique. M. Ch. Richet a pu enlever tout récemment

  1. V. Communic. de l’auteur à l’Acad. des sciences, sur l’Interprétation du poids de l’encéphale et ses applications. (Comptes rendus, janvier 1882 — Un mémoire sur ce sujet est actuellement sous presse. (Mém. de la Soc. d’Anthr.)